Le prix moyen des propriétés a franchi le cap symbolique des 400 000$ en mai au Canada, une hausse salée qui confirme que le marché immobilier devient de moins en moins accessible pour les jeunes acheteurs.

Selon les données dévoilées hier par l'Association canadienne de l'immeuble (ACI), la valeur de revente moyenne désaisonnalisée s'est élevée à 401 887$ le mois dernier. Le prix de vente réel - non corrigé des variations saisonnières - est encore plus impressionnant, à 416 584$. Il s'agit d'un bond de 7,1% sur un an.

«Nos études sur l'accessibilité montrent que celle-ci se détériore dans le marché canadien de l'habitation, a souligné à La Presse Affaires Leslie Preston, économiste à la TD. Nous croyons que cela contribuera au ralentissement du marché immobilier canadien, lorsque les taux d'intérêt remonteront, ce qui devrait se produire à la fin de cette année.»

Prévisions erronées

Malgré tous les avertissements lancés par les analystes depuis au moins deux ans - plusieurs parlaient d'une bulle immobilière assortie de baisses de prix -, la valeur moyenne des propriétés poursuit sa course effrénée vers les sommets. Le prix moyen, qui était de 382 575$ l'an dernier, devrait s'établir à 404 300$ à la fin de cette année, puis à 407 300$ l'an prochain, selon l'ACI.

Leslie Preston reconnaît que la plupart des prévisionnistes ont eu tout faux depuis plusieurs trimestres. «Une grosse partie de notre erreur réside dans le fait que personne n'aurait pu prédire que les taux d'intérêt seraient plus bas cette année qu'ils ne l'étaient l'an dernier!»

L'ACI fait valoir que la moyenne nationale est «gonflée» par les marchés de Vancouver et Toronto. En excluant ces deux villes chères du calcul, le prix moyen serait de 336 373$, en hausse de 5,3% sur un an.

Certains segments affichent par ailleurs une performance bien plus modeste, par exemple la copropriété dans plusieurs grandes villes, où l'offre est surabondante. Il reste que, dans l'ensemble, le dynamisme du marché canadien a de quoi surprendre.

Le nombre de transactions a ainsi grimpé de 5,9% à l'échelle du pays en mai, ce qui constitue l'augmentation des ventes la plus importante en presque quatre ans. Les analystes attribuent entre autres ce rebond à l'hiver très rigoureux qu'a connu le Canada, qui aurait poussé les acheteurs en masse vers le marché immobilier au mois de mai.