La Banque du Canada continue de sonner l'alarme au sujet du marché du logement canadien et indique maintenant que les risques de défaillances dans le système financier chinois et la hausse des taux d'intérêt à long terme aux États-Unis pourraient agir comme déclencheurs d'un écroulement.

Dans sa revue semestrielle du système financier, la banque centrale admet que la probabilité d'une forte correction du marché du logement, particulièrement en ce qui a trait aux prix, est faible - mais ses conséquences seraient vastes.

En particulier, la banque s'inquiète du fait que, même si le marché semble se diriger vers un atterrissage en douceur, certains marchés, comme celui des immeubles en copropriétés à Toronto, poursuivent leur course et continuent de voir leurs prix grimper.

«La hausse des prix des maisons s'est poursuivie depuis décembre 2013», a fait remarquer le Conseil de direction de la banque centrale. «Si le rythme d'augmentation plus lent des prix laisse entrevoir un atterrissage en douceur, il est tout de même encore supérieur à celui de la progression du revenu disponible», a ajouté le rapport.

En évoquant des exemples de marchés où les prix ont davantage progressé, le document cite les villes de Toronto, Québec, Winnipeg et Hamilton.

Depuis longtemps, la banque centrale a identifié le secteur canadien du logement comme un problème potentiel, non seulement pour les ménages endettés, mais aussi pour les institutions financières et l'économie au sens large.

Dans sa Revue du système financier de juin, la Banque du Canada affirme que le risque d'«atterrissage brutal» en Chine a augmenté, ce qui est attribuable notamment à l'opacité et à la complexité des expositions et des risques émanant du système bancaire parallèle. Cela pourrait affecter l'économie canadienne en entraînant un affaiblissement de la demande et un recul des prix dans le secteur des ressources naturelles.

Même si elle est considérée comme peu probable, une forte augmentation des taux d'intérêt à long terme, qui influencerait les taux canadiens, causerait aussi des problèmes pour le secteur du logement, a précisé l'institution.

«Un niveau élevé du ratio de la dette à l'actif et du ratio du service de la dette des ménages accroîtrait le risque de faillite de ces ménages s'ils n'arrivaient plus à supporter le fardeau de leur dette par suite d'une augmentation des taux d'intérêt ou encore si le recul des prix des maisons réduisait à néant leur avoir propre foncier», est-il indiqué dans le rapport publié jeudi.

Les plus petites entités financières seraient particulièrement vulnérables à une correction du marché du logement, comme les coopératives de crédit, dont les ressources ne sont pas comparables à celles de grandes banques pour résister à un tel renversement.

«De nombreux petits établissements, dont certaines sociétés de placement hypothécaire et petites coopératives de crédit, répondent spécifiquement aux besoins des emprunteurs n'ayant pas droit aux prêts hypothécaires assurés. Il peut s'agir de personnes à faible revenu, d'immigrants récents (ou) de particuliers vivant en milieu rural et dont le revenu est souvent instable.»

Dans l'ensemble, la Banque du Canada juge que les risques au système financier canadien sont essentiellement inchangés par rapport à décembre - soit la dernière fois qu'elle a publié son rapport. Trois des quatre principales vulnérabilités qu'elle identifie proviennent de l'extérieur du pays, soit la forte hausse des taux d'intérêt à long terme aux États-Unis, la tension en provenance de la Chine et d'autres marchés émergents et la faiblesse en Europe.

La banque centrale calcule que les risques associés à la Chine ont pris de l'importance, mais que ceux propres à la zone euro se sont amoindris au cours des six derniers mois.