Ottawa doit à tout prix s'abstenir de resserrer encore une fois les règles de financement hypothécaire d'un océan à l'autre, à défaut de quoi le marché immobilier québécois risque de pâtir encore plus qu'aujourd'hui.

C'est l'avertissement qu'a lancé jeudi matin le ministre québécois des Finances et de l'Économie, Nicolas Marceau, pendant une conférence sur le marché immobilier québécois.

« J'invite le gouvernement fédéral à être créatif et à discuter avec les gouvernements provinciaux pour trouver des solutions locales, a déclaré le politicien. Les marchés sont locaux, et on ne peut pas traiter le marché québécois de la même façon que celui de la Colombie-Britannique. »

Le gouvernent fédéral est intervenu à quatre reprises depuis 2008 pour calmer l'ardeur du marché immobilier canadien.

Le dernier resserrement, en juillet 2012, a notamment entraîné l'abolition des hypothèques étalées sur 30 ans. Cette mesure a eu de sérieux contrecoups au Québec, mais plusieurs autres marchés, en particulier dans l'Ouest canadien, sont depuis repartis en forte hausse.

Le ministre fédéral des Finances Jim Flaherty devrait prendre en compte ces importantes disparités régionales avant de lancer une nouvelle ronde de resserrements, a insisté aujourd'hui son homologue provincial. 

« Je sais que le gouvernement fédéral est inquiet de ce qui se passe ailleurs, a souligné Nicolas Marceau. Mais si on fait une solution coast to coast, effectivement, ça va peut-être empêcher une bulle dans le reste du Canada, mais ça se fera à prix fort pour le marché du Québec. »

Nicolas Marceau a indiqué jeudi matin s'être entretenu avec Jim Flaherty à la mi-décembre, pour exposer son opposition à une solution pancanadienne.

Le marché ralentit au Québec

La conférence organisée par la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ) a permis de constater le net ralentissement du marché en 2013.

Le nombre de transactions a reculé de 8% l'an dernier, avec 71 265 ventes réalisées à l'échelle provinciale. (Cette statistique exclut les milliers de transactions réalisées entre particuliers.)

Les ventes ont fléchi de 7% à Sherbrooke, de 9% à Montréal, de 10% à Québec et de 18% à Saguenay.

Les prix sont quant à eux presque au point mort. Ils se sont élevés à 267 700$ en moyenne dans la province l'an dernier, une hausse de 1,3% par rapport à 2012. Il s'agit de la plus faible progression depuis 1996.

Dans certains secteurs, notamment celui de la copropriété à Montréal, on observe des baisses de prix depuis quelques mois.

Enfin, le nombre d'inscriptions a fortement augmenté (+9%), alors que 71 000 propriétés sont en vente sur le marché québécois. Cette situation contribue à donner davantage de pouvoir de négociation aux acheteurs.

« Somme toute, on peut dire que 2013 a été une année d'atterrissage en douceur », a affirmé Paul Cardinal, directeur du service Analyse du marché de la FCIQ, pendant son discours.

Un point de vue partagé par le ministre Marceau, qui l'a répété à plusieurs reprises jeudi matin.

« Je pense que si les choses se poursuivent comme ça, on va avoir un bel atterrissage, ça va être correct. »