Victimes de la pyrrhotite et du plan de garantie

Sabryna Durand et Dany Boucher, Trois-Rivières

Le jeune couple a acheté en 2009 une maison jumelée de 118 000$. Aujourd'hui, elle ne vaut plus que 30 000$, à cause des problèmes de pyrrhotite qui fissurent ses fondations. Près de 5000 résidences en Mauricie sont touchées par ce grave problème, provoqué par la mauvaise qualité du béton provenant d'une carrière de la région. Dans la plupart des cas, les maisons doivent être soulevées et les fondations refaites au complet, des travaux de plusieurs milliers de dollars.

Environ (1500) résidences aux prises avec ce fléau sont couvertes par des plans de garantie, surtout la Garantie des maisons neuves (GMN) de l'APCHQ. Les propriétaires ont donc droit à une indemnisation.

Ce n'est pas le cas de Dany Boucher et de sa conjointe. «Notre voisin mitoyen a été indemnisé par la GMN pour la pyrrhotite dans ses fondations, mais l'ancien propriétaire n'en a pas parlé quand on a acheté, raconte ce père d'un bébé de 1 an. Comme on partage les mêmes fondations, c'était certain qu'on en avait nous aussi. Les responsables de la GMN auraient dû nous le dire. Mais quand on s'est informées, ils nous ont répondu que notre garantie était échue depuis trois semaines.»

Les travaux coûteraient 100 000$. Pour le moment, le couple ne voit pas d'issue à sa situation. Il espère pouvoir toucher un dédommagement lorsqu'un jugement sera rendu dans le procès visant à déterminer qui est responsable de ce fiasco.

Les réclamations liées à la pyrrhotite ont été tellement nombreuses qu'elles ont mené en juin dernier à la mise en tutelle de la GMN, dont le fonds de réserve s'est avéré insuffisant. La Régie du bâtiment a même évoqué la possibilité de devoir indemniser les victimes en se servant du fonds pour les sinistres majeurs, pour lequel elle reçoit 300$ pour chaque nouvelle maison depuis août 2012.

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Vulnérable aux incendies


Les 21 copropriétaires de Place de la Falaise, à Gatineau

Voilà déjà huit ans que les résidants de cet immeuble, construit en 2005, vivent dans les travaux pour régler les nombreux vices de construction. L'entrepreneur, Memora Construction, n'a pas respecté les normes d'isolation, ni celles de résistance contre les incendies. Les ennuis se sont poursuivis avec les travaux censés corriger les erreurs, qui ont été mal faits. Le programme de GMN ne veut pas terminer les travaux, parce qu'il dit avoir atteint sa limite de couverture de 2 millions.

Mais selon Jean-Guy Roy, président du syndicat des copropriétaires, les problèmes auraient été réglés si le chantier avait été bien géré. «Les propriétaires n'en peuvent plus, c'est très frustrant», dit ce fonctionnaire à la retraite. Le syndicat poursuit l'entrepreneur et l'architecte, mais il pourrait aussi viser la GMN pour tenter d'obtenir justice.

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Des champignons dans la maison

Denise, Montréal

Célibataire au début de la cinquantaine, cette professionnelle n'habite plus son condo neuf depuis deux ans. Elle est hébergée chez des amis. Elle s'est mise à être malade quelques mois après avoir emménagé dans son condo. «J'avais des maux de tête, des nausées et les mauvaises odeurs m'incommodaient», relate la propriétaire.

Les experts du programme de GMN ne trouvaient rien d'anormal. Il a fallu qu'elle embauche son propre expert pour découvrir le grave problème de moisissures qui envahissait ses murs et ses plafonds. «Il y avait des infiltrations d'eau dans la toiture à cause d'un vice de construction», dit Denise. Elle a dû se faire très insistante pour que des vérifications soient faites dans tout l'appartement, où les moisissures s'étaient répandues, et pour que la cause du problème soit trouvée et réparée.

Toute cette affaire l'a laissée très amère. Elle se prépare d'ailleurs à déposer une poursuite contre le plan de GMN.

PHOTO ÉTIENNE RANGER, LE DROIT

Les copropriétaires de la Place de la Falaise, à Gatineau, et le président de leur syndicat, Jean-Guy Roy, vivent dans les travaux depuis huit ans, et les vices de construction qui affectent leur immeuble ne sont toujours pas réglés.