La construction résidentielle a connu une hausse surprenante au Canada en mai, particulièrement dans le secteur des condos, défiant ainsi les prévisions qui annonçaient un ralentissement ou même une importante baisse.

Selon les plus récentes données de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), les mises en chantier d'habitations ont atteint un total annualisé de 200 178 unités le mois dernier, soit environ 20 000 de plus que les économistes avaient prédit et 25 000 de plus qu'en avril.

C'est également plus que les 170 000 unités que les analystes considèrent comme le nombre idéal. C'est le signe que la demande pour les nouvelles résidences est conforme aux facteurs démographiques.

Cette augmentation étonnante dans les mises en chantier le mois passé semble aussi corroborer un rapport publié la semaine dernière selon lequel environ 43 000 nouveaux emplois ont été créés dans le domaine de la construction en mai.

«Ça défie toute logique», a déclaré Benjamin Tal, économiste en chef adjoint pour Marchés mondiaux CIBC. «Mais d'après les renseignements que je reçois, le marché ralentit et je crois que, dans six à huit mois, il ne sera pas aussi fort.»

D'autres analystes estiment également que cette croissance, surtout du côté des condos, ne durera pas.

«Il est peu probable que le bond prodigieux effectué par le nombre de mises en chantier d'habitations en mai se maintienne», a affirmé Dina Ignjatovic, une économiste de la Banque TD.

«En fait, le ralentissement de l'augmentation des prix sur le marché immobilier pourrait mener à un ralentissement de la construction durant les prochains trimestres. De plus, la surconstruction qui a eu lieu au cours des 10 dernières années pourrait faire chuter le nombre de mises en chantier en dessous de la limite requise pour combler les besoins démographiques pour un certain temps.»

C'est aussi l'avis de Mathieu Laberge, économiste en chef adjoint pour la SCHL, qui a fait remarquer que la moyenne mobile de six mois était demeurée inchangée en mai, s'établissant à un total annualisé de 182 756 unités.

Malgré tout, il n'y a aucun signe que la bulle immobilière canadienne pourrait éclater sous peu.

Le marché a considérablement ralenti depuis le resserrement des règles pour les prêts hypothécaires en juillet dernier, qui a rendu plus difficile et plus coûteux pour les acheteurs d'obtenir le financement nécessaire pour l'achat d'une première maison.

Le ralentissement s'est fait davantage sentir sur le plan des mises en chantier et des ventes, qui ont reculé d'environ 10% comparativement à l'an dernier. Les prix sont cependant demeurés stables.

M. Tal et les autres analystes croient toutefois que les prix finiront éventuellement par descendre à mesure que les ventes baisseront.

La plupart des gains enregistrés en mai sont survenus dans les centres urbains, où la construction de condos a grimpé de 22,2% pour atteindre un total annualisé de 114 346 unités. Les mises en chantier de résidences individuelles dans les villes ont quant à elles augmenté de 3%, s'établissant à 62 888 unités.

Toujours en mai, le nombre désaisonnalisé annualisé de mises en chantier en milieu urbain a augmenté de 14,6 pour cent à 177 234 unités, en partie grâce à des hausses dans l'Atlantique et en Ontario. Les mises en chantier en ville sont restées plutôt stables dans les Prairies, mais ont diminué au Québec et en Colombie-Britannique.