Un important promoteur immobilier de Montréal considère que le centre-ville est mûr pour accueillir des résidences étudiantes, des tours d'appartements et des bureaux aménagés de façon à densifier l'utilisation des pieds carrés. De quoi soutenir l'industrie de la construction au terme de l'actuel boom dans les condos.

Jonathan Wener est président du conseil et chef de la direction de Canderel, un promoteur immobilier à qui l'on doit la construction du Campus Bell, à L'Île-des-Soeurs, la Cité du commerce électronique, boulevard René-Lévesque Ouest, la conversion de l'ancien Forum en centre de divertissement urbain, le siège social de SNC-Lavalin, Place Félix-Martin, et l'ancien immeuble Zellers, au métro Vendôme.

Philanthrope reconnu, M. Wener a parrainé la création du Fonds d'éducation artistique Jonathan Wener, doté d'un capital de 1 million de dollars. Le fonds assurera le développement et l'accessibilité aux activités et aux programmes pédagogiques du Centre Segal des arts de la scène, où M. Wener était d'ailleurs honoré hier soir pour sa contribution.

Des besoins à combler

La Presse Affaires a profité de l'occasion pour s'entretenir avec l'homme d'affaires et s'enquérir de sa vision du centre-ville de Montréal.

D'abord, M. Wener, qui est chancelier adjoint de l'Université Concordia, milite pour la construction de résidences étudiantes au centre-ville, un besoin criant, selon lui.

D'après son analyse, des raisons fiscales expliquent pourquoi les promoteurs évitent ce genre de projet. «Quand l'université ou le gouvernement construit des résidences, il n'y a pas de taxes foncières. Du moment qu'un promoteur fait des résidences, il y a des taxes foncières», explique-t-il.

Les taxes se traduisent par des loyers plus élevés, rendant le tout non concurrentiel. M. Wener entend revenir à la charge auprès du gouvernement provincial pour trouver une solution.

Marché locatif

La métropole québécoise est également mûre pour accueillir des tours d'habitations locatives. «Actuellement, un certain nombre d'appartements en location sont livrés par les tours de condos. Il y a des investisseurs dans les condos qui veulent louer.» Déjà, Devimco a annoncé ses intentions dans Griffintown avec une tour de 257 logements de 60 millions.

Finalement, le patron de Canderel, qui a un projet de deux tours de bureaux sur les terrains de l'ancienne salle de spectacles Le Spectrum, est d'avis que d'autres grands locataires que Deloitte ou Aimia sont prêts à louer dans un immeuble neuf leur permettant de réduire le nombre de pieds carrés par employé.

Historiquement, on comptait 200 pieds carrés et plus par employé. Aujourd'hui, des locataires sophistiqués se font construire des bureaux en banlieue avec une moyenne de 90 pieds carrés par employé.

«Les utilisateurs de bureaux doivent cesser de penser en termes de coût au pied carré pour penser en termes de coût par employé», dit Jonathan Wener.

Prendre soin du centre-ville

Par ailleurs, M. Wener a fait part de ses craintes pour le centre-ville. «Il existe maintenant une concurrence qui n'était pas là auparavant», dit-il en faisant allusion au DIX30, à Brossard, et à Laval, avec le métro. Les autorités montréalaises doivent absolument tenir compte de cette réalité avant d'agir, insiste-t-il.

Selon lui, la Ville devrait réexaminer la question des bouchons qu'elle cause dans le centre-ville quand elle impose des contraintes à la circulation. Le projet de prolifération des voies réservées pour autobus, dont les médias ont fait écho cette semaine, l'inquiète.

«Limiter la circulation sur le chemin Côte-des-Neiges à l'usage exclusif des taxis et des autobus aux heures de pointe, ce serait affreux», dit M. Wener.