Les prix des habitations ont continué d'augmenter au pays, en avril, même si les ventes ont diminué de trois pour cent d'une année à l'autre, selon les plus récentes données de l'industrie, qui laissent les économistes divisés quant au sort qui attend le marché.

«Je crois que certaines personnes sont confuses car les ventes ont baissé mais les prix n'ont pas encore chuté», a affirmé mercredi David Madani, économiste chez Capital Economics.

«Mais c'est normal parce que les prix réagissent en retard aux ventes», a ajouté M. Madani, estimant qu'il était encore trop tôt pour exclure une correction marquée dans ce qui demeurait il n'y a pas si longtemps un marché en surchauffe.

«Je m'attends à ce que les ventes continuent de faiblir, comme elles l'ont fait depuis le début de l'année dernière», a-t-il dit.

La vraie mise à l'épreuve surviendra durant les mois de l'été, alors que le marché de l'habitation devient habituellement plus animé, a indiqué le spécialiste.

Avec le recul de l'emploi survenu au premier trimestre de cette année et la mise en place par Ottawa de règles plus sévères en matière de prêts hypothécaires, en juillet dernier, M. Madani ne voit pas pourquoi les ventes devraient reprendre, ce que prédisent certains économistes.

«Les éventuels acheteurs font un pas en arrière, peut-être parce qu'ils ont peur de ce qui attend le marché de l'habitation au cours des deux prochaines années», a-t-il dit.

Néanmoins, Douglas Porter, économiste en chef chez BMO Marchés des capitaux, a fait remarquer que les prix continuaient d'augmenter plus rapidement que l'inflation, même si à un rythme significativement moins élevé.

M. Porter a dit croire «que les faits continuent de démontrer que le marché canadien pourra réussir le fameux atterrissage en douceur».

L'Association canadienne de l'immeuble (ACI) a annoncé mercredi que le nombre d'habitations vendues en avril s'était établi à 47 997 au pays, en baisse par rapport aux 49 553 ventes enregistrées un an plus tôt.

En tenant compte des variations saisonnières, les ventes résidentielles ont augmenté de 0,6 pour cent de mars à avril.

«Les ventes en mars ont été limitées par le congé de Pâques et la fin de semaine complète qui s'est ajoutée à la fin du mois, et l'absence de ces facteurs en avril a favorisé les ventes mensuelles», a affirmé l'économiste en chef de l'ACI, Gregory Klump.

«Depuis l'entrée en vigueur des modifications apportées aux règlements hypothécaires en 2012, les ventes réalisées à l'échelle nationale sont de neuf à 10 pour cent inférieures aux résultats publiés au cours des six premiers mois de 2012. Par contre, elles sont demeurées incroyablement stables», a-t-il observé.

L'indice des prix des propriétés de l'ACI a connu en avril une hausse de 2,2 pour cent d'une année à l'autre, soit la plus faible augmentation annuelle rapportée en plus de deux ans.

Enfin, le prix moyen des ventes réalisées le mois dernier s'élevait à 380 588 $, en hausse de 1,3 pour cent par rapport au même mois il y a un an.