Pour Jim Flaherty, le pari est gagné. Les règles hypothécaires plus strictes imposées par le ministre des Finances ont forcé des milliers de ménages à moins s'endetter au cours des derniers mois, indiquent de nouvelles données.

Le bilan immobilier sur le blogue de Maxime Bergeron

Un Québécois sur six à la recherche d'une propriété a dû revoir à son budget à la baisse depuis la disparation des hypothèques étalées sur 30 ans, révèle un sondage Léger Marketing diffusé hier. À Montréal, ce changement a forcé 19% des acheteurs à contracter un prêt plus petit.

«Maintenant, on est dans un marché différent; cette arme-là (des 30 ans) n'est plus offerte aux nouveaux propriétaires», a commenté Christian Bourque, vice-président directeur de Léger Marketing, qui prenait part à une conférence organisée par la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ).

Les prêts étalés sur 30 ans sont devenus très populaires au cours des dernières années, au fur et à mesure que les prix de l'immobilier se sont hissés vers des sommets. Dans le Grand Montréal, 29% des acheteurs de maisons ont opté pour une telle hypothèque en 2011, une proportion qui a grimpé à 38% l'an dernier.

La réduction de l'amortissement maximal à 25 ans a causé un recul brutal des ventes en fin d'année, surtout dans le segment des propriétés les moins chères. Malgré cela, le sondage Léger Marketing mené auprès de 4507 Québécois laisse croire que les acheteurs seront au rendez-vous en 2013.

À l'échelle provinciale, 7% des répondants ont dit avoir l'intention d'acquérir une propriété au cours de l'année. C'est à peu près similaire au résultat obtenu dans le même sondage l'année précédente (8%).

Année «en deux temps»

La FCIQ - qui représente 15 000 courtiers immobiliers - a reconnu hier que ses prévisions pour 2012 étaient quelque peu erronées. L'intervention de Jim Flaherty en milieu d'année a produit un effet que bien peu de gens ont vu venir, a admis Paul Cardinal, directeur de l'analyste de marché.

Le marché du condo, qui avantageait encore les vendeurs au début de l'année dernière, est maintenant en territoire équilibré, a-t-il noté. Il devrait même tourner à l'avantage des acheteurs dans la métropole au cours des prochains mois, ce qui ne s'était pas vu depuis une quinzaine d'années.

Ce refroidissement a amené Paul Cardinal à parler pour une rare fois - et avec de multiples précautions - d'une surconstruction dans le secteur de la copropriété à Montréal.

«Je ne suis pas en train de dire qu'il n'y a pas de place pour de nouveaux projets de copropriétés. Il y a de la place pour les bons projets, mais pas pour tous les projets en même temps», a-t-il dit devant une salle remplie à craquer de banquiers, courtiers et autres observateurs du marché.

Il y a en ce moment plus de 13 300 condos en chantier à Montréal, «un record», mais les délais de ventes se sont allongés. Les copropriétés existantes mettent maintenant 91 jours à trouver preneur en moyenne, comparativement à 210 jours pour les neuves.

Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins, dit s'attendre à une certaine correction des prix dans les quartiers centraux. «Le marché du condo est à surveiller étroitement, notamment au centre-ville de Montréal», a-t-elle souligné devant l'assistance.

Prix au pied carré

La FCIQ a par ailleurs révélé une donnée inédite à Montréal: le prix au pied carré des condos existants. Ils se sont vendus en moyenne 415$ le pied carré en 2012 dans les immeubles de béton du centre-ville et de Griffintown, comparativement à 373$ à L'Île-des-Soeurs et 193$ à Longueuil, notamment (voir tableau). Des données plus précises seront rendues publiques par la firme Altus au courant de 2013, a-t-on appris hier.

Enfin, la FCIQ s'attend à un marché immobilier en «perte de vitesse» pour l'ensemble du Québec cette année. Le nombre de transactions devrait reculer de 4%, tandis que les prix progresseront de moins de 2%.

-----------------

LE PIED CARRÉ LE PLUS CHER

Condos existants dans des immeubles de plus de 4 étages en béton (variationsur un an)

Centre-ville et Griffintown 415$ (+5%)

L'Île-des-Soeurs 373$ (+2%)

Le Sud-Ouest 348$ (+9%)

Saint-Laurent-Ahuntsic 262$ (+2%)

Ouest de Laval 244$ (+8%)

Longueuil 193$ (+3%)

Et le neuf?

Plusieurs projets coûtent plus de 500$ le pied carré au centre-ville, avant les taxes

500$ le pied carré au centre-ville

Sources : FCIQ