Moins d'acheteurs, plus de vendeurs, des prix en légère baisse. À deux semaines du Nouvel An, l'Association canadienne de l'immeuble (ACI) reconnaît que l'état du marché immobilier est pire que prévu et abaisse ses prévisions pour 2013.

Les ventes de propriétés devraient ainsi reculer de 2% l'an prochain au pays, avec 447 400 transactions. «Cette baisse représente un niveau d'activité légèrement inférieur aux prévisions initiales et témoigne de l'effet toujours présent que les nouveaux règlements sur les prêts hypothécaires auront l'an prochain», a indiqué l'organisme hier.

Selon les données de l'ACI, le nombre de transactions a chuté de 11,9% le mois dernier par rapport à novembre 2011. Le prix moyen a quant à lui fléchi de 0,8% à l'échelle nationale, à 356 687$.

Les ventes ont reculé dans trois villes sur quatre en novembre, et pas les moindres. Montréal, Toronto et Vancouver affichent des replis respectifs de 19%, 18% et 28%, tandis que Calgary fait cavalier seul avec une hausse de 11%.

«Le marché canadien de la revente n'est certainement pas dans l'esprit des Fêtes, a ironisé Sonya Gulati, économiste à la TD. Et vu les tendances récentes du marché, on ne s'attendait pas à un miracle pour Noël...»

La plupart des économistes attribuent le vif recul du marché immobilier à l'introduction de nouvelles règles hypothécaires plus strictes en juillet dernier. Or, si les prix n'ont pas trop pâti jusqu'à maintenant, le portrait pourrait vite changer au début de 2013, croit Mme Gulati.

«Le changement dans les prix est généralement en retard par rapport à celui dans les ventes, donc encore quelques mois pourraient s'écouler avant que nous voyions le plein impact sur la valeur des maisons», a noté l'économiste hier.

Palette de prévisions

Comme c'est toujours le cas, les analystes n'arrivent à aucun consensus quant à la trajectoire future du marché canadien. L'ACI - qui représente plus de 100 000 courtiers immobiliers au pays - s'attend à ce que le prix moyen grimpe de 0,3% cette année et en 2013. La valeur de revente moyenne atteindrait ainsi 365 100$ à la fin de l'an prochain, selon l'organisme.

Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins, s'attend pour sa part à un repli de 0,6% l'an prochain. David Madani, de Capital Economics, voit les choses sous une lumière beaucoup plus sombre: il estime que les prix déclineront en moyenne de 25% d'ici un à deux ans au pays. La confiance globale des économistes «n'a pas sa raison d'être», a-t-il fait valoir hier.

«Le vent a tourné et l'économie intérieure du Canada est susceptible de succomber à un marché immobilier tombant en 2013», a avancé M. Madani dans un rapport.

Sans s'avancer sur des baisses de prix draconiennes, l'économiste Derek Holt, de la Banque Scotia, doute que le marché immobilier soit capable de se rétablir rapidement. Les Canadiens ne pourront compter ni sur une nouvelle baisse des taux ni sur un rebond majeur de l'emploi pour relancer le secteur immobilier l'an prochain, note-t-il.

Doug Porter, économiste en chef de la BMO, reprend quant à lui la thèse souvent partagée d'un «atterrissage en douceur» du marché. Cela semble être le cas «dans la plupart des villes, avec l'exception plutôt évidente de Vancouver», a-t-il souligné.

-------------------

L'IMMOBILIER EN NOVEMBRE 2012

(variation en % sur un an)

Nombre de transactions | Prix moyen

Montréal : 2632 (-19%) | 333 324$ (+3,2%)

Québec : 518 (-10,1%) | 260 783 $ (+3,9%)

Ottawa : 938 (-9%) | 350 211 $ (+0,7%)

Toronto : 5793 (-18,3%) | 485 328$ (+1%)

Vancouver : 1733 (-27,6%) | 682 215 $ (-6,3%)

Calgary : 1831 (+10,6%) | 413 921 $ (+3,8%)

Canada : 30 573 (-11,9%) | 356 687 $ (-0,8%)

Source: Association canadienne de l'immeuble