Plus de 100 millions de dollars. C'est la facture salée que vient de payer Ivanhoé Cambridge pour mettre la main sur 47 logements et cinq petits locaux commerciaux au coeur de Londres.

Le prix paraît stratosphérique, mais la filiale immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec s'attend à tirer un bon rendement de cet investissement. «On dirait que moins ça va bien en Europe, mieux ça va à Londres, a indiqué hier Sylvain Fortier, président du secteur résidentiel chez Ivanhoé Cambridge. C'est clairement un endroit refuge, et les loyers et les valeurs montent rapidement.»

Ivanhoé a acquis une participation majoritaire dans deux complexes locatifs des chics quartiers de Belgravia et South Kensington. Ces acquisitions reviennent en moyenne à plus de 2,1 millions CAN par appartement, en excluant les quelques espaces commerciaux.

Le groupe québécois compte rénover les 47 logements haut de gamme qu'il vient d'acquérir. Il pourrait ensuite le revendre «à la pièce» d'ici trois ou quatre ans, en condos, ou encore les garder à long terme afin de générer un revenu stable pour les épargnants de la Caisse de dépôt. Aucune option n'est écartée à ce stade-ci, a dit Sylvain Fortier en entrevue à La Presse Affaires.

Selon le dirigeant, la conversion de logements en copropriétés est beaucoup plus aisée à Londres qu'à Montréal, et elle est de plus en plus fréquente. «C'est là que ça devient cercle vicieux: plus il y a de conversions, moins il y a d'appartements locatifs, et plus les loyers montent. Et plus les loyers montent, plus ça devient intéressant de les garder locatifs.»

Un marché en rebond

Après une chute spectaculaire pendant la crise financière de 2008-2009, le marché immobilier londonien a connu un rebond encore plus puissant. Le prix moyen des propriétés y a grimpé de 49% depuis mars 2009, et il est aujourd'hui 14% plus élevé qu'à son sommet précédent de mars 2008, indique un rapport récent de la firme Knight Frank.

Le prix moyen s'élevait à 736 000$ CAN dans la région métropolitaine de Londres au troisième trimestre, en hausse de 4,7% sur un an, selon des données colligées par la BBC. Dans le secteur englobant Kensington et Chelsea - où Ivanhoé Cambridge vient d'acheter un immeuble -, les prix ont explosé de 23% depuis un an, à 2,69 millions CAN en moyenne.

Le loyer moyen des appartements était de 1980$ CAN dans la région métropolitaine de Londres en octobre, selon le HomeLet Rental Index. Une hausse de 6% sur un an et de 32% en trois ans.

Plusieurs investissements à Londres

Il s'agit de la deuxième transaction majeure annoncée par Ivanhoé à Londres depuis le début de l'année. Le groupe détient désormais six immeubles dans le centre de la métropole avec ses partenaires, pour un total de 254 appartements.

«À ce jour, nos quatre premiers actifs performent mieux qu'on pensait, a affirmé Sylvain Fortier. Et pour les deux qu'on ajoute, on n'est pas du tout inquiets, au contraire. La difficulté, c'est de trouver ces actifs-là.»

En plus de Londres, Ivanhoé Cambridge mise gros sur les marchés de New York, Montréal, Washington et de la Silicon Valley pour étendre son portfolio résidentiel. La vaste majorité des actifs du groupe - qui dépassent les 30 milliards - restent concentrés dans les centres commerciaux et les immeubles de bureaux.

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LE COÛTEUX MARCHÉ IMMOBILIER DE LONDRES

Prix moyen des propriétés*

> Londres métropolitain:

736 000$ (+4,7%)

> Ville de Londres :

917 000$ (+19,3%)

> Quartiers de Kensington et

Chelsea: 2,69 millions (+22,7%)

* Prix en dollars canadiens, au troisième trimestre de 2012. Variation enpourcentage sur un an.

Sources : Land Registry of England and Wales, BBC.

Loyer moyen, Londres métropolitain*

> 1980$ par mois

> + 6% sur un an

> + 32% sur trois ans

* Données pour octobre 2012, en dollars CAN.

Source: HomeLet Rental Index