La Cité du commerce électronique, au centre-ville de Montréal, subit de plein fouet la fin des programmes de crédits d'impôt dont bénéficiaient ses principaux locataires. CGI va libérer 6 des 27 étages de la tour I de la Cité, tandis que Computer Sciences Corp (CSC) offre actuellement en sous-location les 4 étages qu'elle occupe dans la tour II.

Le locateur, la société Canderel, ne cède pas à la panique, convaincu des qualités de ses deux tours de bureaux, parmi les plus récentes construites au centre-ville.

Lancé par le gouvernement péquiste en 2000, le programme de crédits d'impôt a été aboli par le gouvernement libéral en juin 2003, mais les entreprises qui en bénéficiaient au moment de son abolition étaient protégées.

Les trois principaux bénéficiaires ont été CGI, CSC et IBM. Québec a versé plus de 600 millions de dollars aux sociétés admissibles entre 2000 et 2011, selon le document Dépenses fiscales produit par le ministère des Finances.

Le gouvernement du Québec versait sous forme de crédit d'impôt remboursable l'équivalent de 35% du salaire des employés admissibles ou 12 500$ par année pendant 10 ans. Le taux pouvait être réduit à compter de la sixième année d'exploitation à la Cité, si la société n'avait pas créé un nombre minimal d'emplois au Québec.

Une clause de résiliation

«Nous ne délivrons plus aucune attestation en regard du programme de crédit d'impôt de la Cité du commerce électronique», a confirmé Chantal Corbeil, porte-parole chez Investissement Québec, qui gérait l'admissibilité à la mesure.

CGI a opté depuis le 1er avril 2008 pour le crédit d'impôt pour le développement des affaires électroniques qui n'est pas lié à des installations désignées comme l'était celui de la Cité du commerce électronique. Profitant d'une clause de résiliation dans son bail, la société montréalaise va progressivement remettre à son propriétaire 140 000 pieds carrés dans la tour I. Le processus va s'étendre pendant quelques mois.

On ne parle pas ici de petite monnaie. CGI attendait un remboursement de 78 millions au 30 septembre 2011 en provenance du gouvernement du Québec pour divers crédits d'impôt remboursables. Depuis 2000, la somme s'élève à plus de 800 millions, toutes catégories de crédits d'impôt remboursables confondues (Cité du commerce électronique, Cité du multimédia et autres). L'information est tirée des rapports annuels de la société.

CSC sous-loue

De son côté, CSC, qui a reçu des subventions liées à la Cité du commerce électronique de 2001 à juillet 2011, offre actuellement en sous-location ses locaux de la tour II, laquelle compte 17 étages. Le bail se termine en 2015.

La société a annoncé en mai la suppression de 265 employés à ses bureaux du boulevard René-Lévesque. Ils occupent les 3e, 15e, 16e et 17e étages. Les employés licenciés partiront en trois vagues d'août 2012 à mars 2013.

Dans un courriel, la direction de CSC, en Virginie, soutient ne pas vouloir fermer son centre d'excellence à Montréal et maintient qu'elle continuera d'avoir une présence significative dans la ville. Mais elle n'a pas voulu indiquer combien d'employés resteront à son service après mars 2013.

L'autre locataire d'importance de la tour II, la société IBM, n'a pas rappelé La Presse.

Bien situés

Loin de céder à la panique, le locateur pense pouvoir trouver rapidement preneur pour les bureaux qui se libèrent. «On est très bien placés pour répondre aux besoins des locataires à la recherche de grands blocs de locaux», dit Daniel Peritz, vice-président principal chez Canderel. Les immeubles sont récents, situés au centre-ville, près de la gare de trains de banlieue et du métro Lucien-L'Allier.

Le marché des bureaux au centre-ville est favorable aux propriétaires en 2012. Le taux d'inoccupation au centre-ville se situe sous les 6%, selon la firme de courtage Newmark Knight Frank Devencore.

«Les deux tours vont devenir des immeubles de bureaux du centre-ville comme d'autres, dit André Plourde, président du Groupe immobilier de Montréal, qui a dû composer au cours des dernières années avec la fin des crédits d'impôt consacrés aux immeubles de la Cité du multimédia, dont il est responsable de la location. Je ne suis pas inquiet pour eux.»