Le gouvernement du Québec a dû réduire de 8,4 millions de dollars la valeur de son investissement dans la gare d'autocars de l'îlot Voyageur à peine un an après l'avoir achetée, a appris La Presse Affaires.

La Société immobilière du Québec (SIQ) a payé 25,5 millions de dollars en novembre 2010 à Roger Morin, alors propriétaire du terminus d'autocars. Quinze mois plus tard, une évaluation externe de la juste valeur de ce qui s'appelle maintenant la Gare d'autocars de Montréal a obligé le bras immobilier du gouvernement à passer une charge de réduction de valeur de 8,4 millions dans ses états financiers le 31 mars dernier.

Cette perte de valeur sur papier correspond au tiers du prix payé par le gouvernement du Québec.

La SIQ n'en tire toutefois pas la conclusion qu'elle a payé trop cher la gare d'autocars. «C'est une évaluation comptable, basée sur les flux monétaires actualisés, les entrées et les sorties d'argent. Ce sont les règles comptables qui nous obligent à faire ça une fois par année. Ça vaut ce que ça vaut. On ne parle pas de valeur marchande. C'est la mise en vente qui va nous donner la valeur marchande de la gare d'autobus», a dit Pierre-Louis Dufresne, directeur des communications de la SIQ.

Perte nette de 6 millions

La gare d'autocars a déclaré une perte nette de 6 millions en 2011-2012, à cause justement de cette charge de 8,4 millions. Au cours du précédent exercice, la gare avait déclaré un bénéfice d'exploitation de 1,1 million pour six mois d'exploitation. Le bénéfice d'exploitation s'élève à 3 millions pour l'exercice financier 2011-2012, avant la charge de 8,4 millions.

Propriétaire de la gare d'autocars par le truchement d'une filiale, la SIQ a déclaré un excédent de 21 millions en 2011-2012, en baisse de 2 millions par rapport à l'exercice précédent. La société, dont le mandat consiste à loger les ministères et organismes du gouvernement, a des revenus de près de 1 milliard de dollars.

Le gouvernement est par ailleurs en processus de revendre la gare d'autocars. Il a confié le mandat à RSM Richter. Quatre acheteurs sont sur les rangs. RSM a de plus rejeté la proposition de Robert Lemay de racheter le terminus pour 25 millions. Sa proposition n'a pas été retenue, car M. Lemay a refusé d'y annexer tous les documents demandés, précise-t-on à la SIQ.

Le 3 août, M. Lemay a répliqué à ce rejet en mettant la SIQ en demeure de le réintégrer dans le processus. Dans une entrevue à La Presse Affaires, il se plaint que le processus de vente comporte de nombreuses incertitudes qui rendent difficile l'estimation de la valeur marchande de la gare d'autocars, ce que réfute vigoureusement la SIQ.

«Les quatre soumissionnaires qui continuent dans le processus n'ont eu aucune difficulté à soumettre leur avis d'intérêt avec les informations qui étaient disponibles», insiste-t-on à la société d'État.

Par ailleurs, le futur gestionnaire de la gare d'autocars aura bientôt un nouveau propriétaire, encore inconnu pour le moment, puisque la SIQ entend se départir d'ici à la fin de l'année de la portion nord de l'îlot Voyageur. Le lot comprend les installations physiques de la gare, le stationnement, les deux résidences étudiantes inachevées et des droits aériens.

Hier, la SIQ a publié un avis requérant la manifestation d'un intérêt et sollicitant des renseignements concernant la portion nord de l'îlot. Les intermédiaires sont Raymond Chabot et Jones Lang Lasalle. Les parties intéressées ont jusqu'au 28 septembre pour se manifester.