En cinq ans, Yvon Boivin a fait construire sa maison de Trois-Rivières deux fois! Car, en 2010, à cause de la présence de pyrrhotite dans le béton, il a fait des travaux de 430 000$ sur sa propriété bâtie en 2006. «Cette pierre présente dans le béton fait exploser celui-ci et fait trembler la maison, explique Yvon Boivin. Chez moi, les premières fissures dans les fondations sont apparues en 2009. Ça a aussi causé de l'infiltration d'eau et de la moisissure.»

Le problème d'Yvon Boivin n'est pas unique. Il touche 980 maisons de Trois-Rivières. Depuis 2009, la Coalition Proprio-Béton que M. Boivin représente s'est battue pour faire reconnaître l'ampleur du problème, recevoir un soutien financier adéquat et dans un temps raisonnable pour réparer les dommages.

Victoire

Alors qu'il reste toujours 400 maisons couvertes par un plan de garantie à réparer, Proprio-Béton a crié victoire hier.

C'est que Québec a annoncé qu'il apportait des modifications importantes au règlement sur le Plan de garantie des bâtiments résidentiels neufs afin d'assurer une meilleure protection des propriétaires.

«C'est à cause de notre persévérance qu'on a convaincu le ministre qu'il fallait faire des changements, souligne Yvon Boivin. On a été la goutte qui a fait déborder le vase. C'est une grande victoire pour les acheteurs de maisons neuves. Le plus grand changement, c'est que les administrateurs de plans de garantie (les entrepreneurs des associations APCHQ et ACQ) vont devenir des OSBL (organismes sans but lucratif).»

«Une des récriminations qu'on entendait le plus souvent, c'est que les consommateurs avaient l'impression de devoir se battre contre les entrepreneurs, contre les plans de garantie, alors que les plans de garantie ont été faits pour protéger les acheteurs de maisons, s'il y a des vices cachés ou des défauts de construction», a dit la ministre du Travail, Lise Thériault, hier, après l'annonce.

Des failles

Le combat des résidants de Trois-Rivières a soulevé des failles dans les plans de garantie. Cela dit, les modifications au Règlement ne toucheront pas que les cas de pyrrhotite trifluviens, mais d'autres défauts de construction.

D'ici 15 ans, 100 millions de dollars vont être versés dans un fonds de garantie mis en place pour pouvoir faire face à des sinistres exceptionnels.

«Désormais, la Régie va encadrer les règles, faire de la surveillance des OSBL et gérer le fonds», énumère Marjolaine Veillette, porte-parole de la Régie du bâtiment.