Il s'essouffle à Vancouver, il est plus effervescent à Toronto. Mais, globalement, le marché immobilier résidentiel canadien demeure à l'équilibre, y compris à Montréal.

C'est ce qui se dégage des données publiées hier par l'Association canadienne de l'immeuble. Un premier coup d'oeil aux chiffres a pu en faire frémir quelques-uns, hier matin: le prix moyen des maisons a en effet reculé de 0,5% en mars par rapport à l'an dernier.

Mais de là à dire qu'il s'agit du signal annonçant le décrochage des prix que plusieurs appréhendent, il y a un pas que les observateurs ne franchissent pas.

La bulle se dégonfle à Vancouver

«La baisse de prix retient tout de suite l'attention. Mais en fouillant un peu, on se rend compte que c'est essentiellement la Colombie-Britannique qui vient influencer les chiffres», dit Benoit Durocher, économiste principal chez Desjardins.

Les prix ont en effet reculé de 3,1% à Vancouver en mars, pendant que le nombre de transactions diminuait de 29,4%. Selon l'Association canadienne de l'immeuble, la baisse est due au fait que les prix étaient gonflés par des records de ventes enregistrés au printemps dernier dans quelques quartiers haut de gamme de Vancouver.

Benoit Durocher, en tout cas, ne s'en fait pas trop. «On soupçonnait que le marché de Vancouver était en surchauffe et on voit que ça s'essouffle. Ça se fait de façon assez contrôlée et c'est une inquiétude de moins», dit-il.

Vancouver est d'ailleurs l'exception. Les prix ont continué de progresser à peu près partout ailleurs au Canada. Ils ont par exemple grimpé de 3,7% à Montréal en mars dernier par rapport à mars 2011, et le nombre de ventes y a augmenté de 4,1%. «Ça continue à progresser, mais on sent que cette progression est un peu moins rapide. Ça cadre avec la croissance économique et celle de l'emploi, qui sont un peu plus modestes», dit M. Durocher.

Frénésie à Toronto

Selon lui, «le marché montréalais est moins préoccupant que celui de Toronto». Pendant que Vancouver s'essouffle et que Montréal ne fait pas d'étincelles, la Ville reine carbure en effet à plein. Les prix de l'immobilier y ont progressé de 10,5% en mars, et les mises en chantier de logements collectifs continuent de frôler des records.

«Ça ne dérougit pas. Disons que c'est un marché sous surveillance», dit M. Durocher, qui croit cependant que Toronto finira par connaître la «modération graduelle» qu'on voit actuellement à Vancouver.

Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale, surveille de près le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions. Si celui-ci grimpe au-dessus de 60%, le marché est à l'avantage des vendeurs. Actuellement, il s'établit à 55,1% pour le Canada.

«Le marché, dans l'ensemble, est fondamentalement équilibré», dit l'économiste. Notons cependant qu'avec un ratio de 66,4%, la ville de Québec fait partie des quelques zones favorables aux vendeurs du pays.

Une chose attire aussi l'attention de M. Pinsonneault: à 40 356, le nombre de ventes enregistrées en mars est assez élevé au Canada.

«Il n'y a rien qui me dit que ça va nécessairement progresser de façon soutenue, mais c'est une lumière jaune au tableau de bord. Si ça monte encore, ça pourrait inciter les gouvernements à adopter des mesures restrictives pour freiner l'immobilier», dit M. Pinsonneault.