Aire de restauration style lounge, stations Wi-Fi gratuites, nouveaux détaillants haut de gamme: le Mail Champlain de Brossard vient de terminer une vaste rénovation de 40 millions de dollars et espère se repositionner face à la concurrence de plus en plus vive du Quartier DIX30.

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«C'est probablement un investissement qu'on aurait fait de toute façon... mais c'est vrai que le Dix30 est un concurrent qui n'était pas là il y a 10 ans», a reconnu hier Jean Laramée, vice-président principal de l'est de l'Amérique du Nord d'Ivanhoé Cambridge, propriétaire du Mail.

M. Laramée admet que le centre commercial, construit il y a 36 ans, avait perdu du lustre. Les couleurs étaient «lourdes» et le look d'ensemble avait «vieilli», a-t-il souligné en déambulant dans les allées fraichement rénovées.

Pour regagner la faveur des consommateurs, Ivanhoé Cambridge a non seulement investi des millions pour rafraichir le décor, mais elle a aussi changé le profil des locataires. Plusieurs détaillants grand public - comme Smart Set - ont quitté le Mail, tandis qu'une série de nouveaux commerces plus branchés ont ouvert boutique. Au cours des derniers mois, Browns, BCBG, Guess et Forever 21 ont notamment démarré leurs activités au Mail.

«En général, ça s'est fait de façon correcte, a affirmé M. Laramée. Personne ne s'est fait sortir à coups de pied.»

Nouvelle stratégie

Ce changement de stratégie est loin d'être un cas isolé. La popularité croissante des supercentres (power centers), comme le DIX30 ou le Faubourg Boisbriand, a changé la donne pour la plupart des mails de la province - et de toute l'Amérique du Nord. Le Carrefour Laval et le Centre Rockland, notamment, ont investi massivement depuis quelques années pour rehausser leur image et le profil de leurs locataires.

Selon Robert Ménard, vice-président à l'agence immobilière CB Richard Ellis, les consommateurs retrouvent encore aujourd'hui dans les mails un plaisir de magasiner qui est moins présent dans les supercentres, où les gros commerces cubiques sont rois.

«Pour la femme, par exemple, c'est plus agréable de faire ses courses à l'intérieur quand on va magasiner pour la mode, surtout pour les grands noms, a-t-il souligné. La clientèle haut de gamme va aller dans les mails régionaux où l'aspect est mis sur les vêtements, la mode, et les accessoires.»

La technique semble porter ses fruits au Mail Champlain. Depuis l'installation de nouveaux commerces au début de l'été, la fréquentation a augmenté de 15% à 20%, affirme le vice-président d'Ivanhoé Cambridge, filiale de la Caisse de dépôt.

Plaza St-Hubert

Les rues marchandes de Montréal doivent elles aussi s'adapter à la nouvelle réalité du commerce de détail. Elles sont attaquées sur deux fronts: par les centres commerciaux embellis à coups de millions, et par la montée en force des supercentres, qui attirent de nombreux clients avec leur stationnement gratuit.

La Plaza St-Hubert, dans l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie, a ainsi lancé cette semaine un appel d'offres pour élaborer une stratégie de revitalisation de l'artère d'ici au mois de mars. Il s'agit de «prévenir le déclin», a souligné Mike Parente, directeur général de la SDC de la Plaza. «À ce jour, ça va bien, on va toucher du bois. On veut juste s'assurer que ça continue de bien aller.»

L'organisme va sonder ses membres au cours des prochains mois et n'écarte aucun scénario, même d'enlever la marquise vitrée qui a fait la renommée - et pour certains la mauvaise réputation - de la Plaza.

Les ventes au détail ont totalisé 99,9 milliards de dollars l'an dernier au Québec, en hausse de 6,6% sur un an. Il s'agit de la plus forte croissance depuis 2005, selon le Conseil québécois du commerce de détail.