Les institutions financières réorganisent leurs bureaux à Montréal. La Banque Royale (T.RY) libérera au moins quatre étages de la Place Ville-Marie - plus de 140 000 pieds carrés -, tandis que le Mouvement Desjardins installera une partie de ses employés dans la Cité du multimédia, a appris La Presse Affaires.

La Royale injectera 30 millions de dollars pour moderniser ses bureaux dans le gratte-ciel cruciforme, ce qui lui permettra de ne conserver que 8 ou 9 étages plutôt que les 13 qu'elle occupe aujourd'hui. «La nouvelle configuration des bureaux fera en sorte que la banque va occuper moins d'espace, de sorte qu'elle sera capable de remettre des étages au propriétaire de l'immeuble», a indiqué Raymond Chouinard, porte-parole de l'institution.

M. Chouinard affirme que la réorganisation n'entraînera aucune suppression de postes, malgré l'importante réduction d'espace. À l'heure actuelle, la Royale emploie 2000 personnes dans l'édifice de 41 étages.

La SITQ, propriétaire de la Place Ville-Marie, a confirmé que la Banque Royale libérera quatre étages à la fin de son bail en 2013. Les étages qui seront remis en location comptent chacun 36 000 pieds carrés, selon le site de la SITQ, ce qui veut dire que 144 000 pieds carrés de locaux aboutiront sur le marché. Le total grimpera à 180 000 pieds carrés si un étage supplémentaire est libéré.

Desjardins sur Duke

Le Mouvement Desjardins, pour sa part, occupera dès l'hiver deux étages complets du 111, rue Duke, dans la Cité du multimédia. Cet immeuble a fait la manchette le printemps dernier quand La Presse Affaires a révélé que la société papetière AbitibiBowater - renommée Produits forestiers Résolu - quitterait l'édifice Sun Life pour s'y installer.

Dans le cas de Desjardins, ce sont 500 employés du département des technologies de l'information qui seront regroupés rue Duke. Ces travailleurs, éparpillés dans le complexe Desjardins, occuperont deux étages complets totalisant 76 000 pieds carrés. «Desjardins a grossi, et ce qu'on essaie de faire, c'est de regrouper les équipes», a indiqué le porte-parole Richard Lacasse.

Ce nouveau bail de 10 ans signé au 111, rue Duke aura fini de renverser le sort de l'immeuble, qui logeait auparavant les bureaux de CGI. Le taux d'inoccupation y dépassait les 50% l'an dernier, chiffre qui redescendra sous la barre des 10% dès l'installation de Desjardins. «Je n'ai pas vu ça souvent dans ma carrière», a souligné André Plourde, président du Groupe immobilier de Montréal, gestionnaire de l'immeuble.

Marché plus serré

Ces transactions surviennent alors que le marché montréalais des immeubles de bureaux se resserre considérablement. Le taux d'inoccupation des édifices de «catégorie A» du centre-ville - les plus prestigieux - a glissé de 8% à 6,1% au cours des 12 derniers mois, indique la firme Newmark Knight Frank Devencore dans une étude qui sera publiée ce matin.

Quelque 900 000 pieds carrés de bureaux ont été absorbés depuis un an au centre-ville, une superficie presque équivalente au 1000, De La Gauchetière. Le loyer brut estimé des immeubles de catégorie A, qui stagnait aux environs de 38,50$ le pied carré depuis 2008, a en outre grimpé à 40,35$ au deuxième trimestre de 2011.

«Ce que les chiffres démontrent, c'est que la situation des immeubles de bureaux est en santé, a fait valoir Jean Laurin, président et chef de la direction de Devencore. Quand on voit que 900 000 pieds carrés ont été absorbés, c'est signe qu'il y a une activité économique réelle. Qui dit location de bureaux dit croissance de l'emploi.»

La bonne tenue du marché laisse croire à M. Laurin qu'au moins un projet de tour de bureaux sera lancé officiellement «d'ici trois à six mois». Déjà, Kevric a lancé au printemps l'Altoria, au Square Victoria, un gratte-ciel mixte de 35 étages qui comptera 152 condos et 10 étages de bureaux totalisant 230 000 pieds carrés.