Après une décennie de croissance effrénée qui a vu le prix des maisons bondir de 136 % dans la métropole, le marché de l'habitation ralentit. La Presse Affaires vous propose jusqu'à vendredi des portraits des cinq régions qui forment le Montréal immobilier. Aujourd'hui, le secteur de prédilection des jeunes familles : la Rive-Nord.

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Mardi matin tranquille à Blainville-sur-le-lac. À l'exception de quelques mères qui promènent leurs poupons, rien ne bouge dans les rues de cette chic communauté fermée, où le terrain de tennis, le lac et la piscine sont réservés à l'usage exclusif des résidents.

> La carte immobilière du Grand Montréal

Les maisons, ici, coûtent cher. Entre 400 000$ et 3 millions de dollars, indique Pierre Legault, courtier chez Via Capitale qui connaît le secteur comme sa poche. «C'est là que la saison initiale d'Occupation double a été tournée», dit-il en pointant une résidence de style néo-manoir, l'une des premières à avoir été érigées dans ce quartier vieux d'à peine 10 ans.

Pour plusieurs, les «monster houses» de Blainville-sur-le-lac ou du quartier Fontainebleau, situé tout près, incarnent l'esprit de la Rive-Nord. Or, ces immenses maisons, souvent construites sur des terrains minuscules, représentent une infime portion du marché immobilier local. Elles totalisent à peine 3% des ventes, selon la Société canadienne d'hypothèques et de logements (SCHL).

Encore aujourd'hui, la Rive-Nord demeure le paradis des familles de la classe moyenne. «Ce qui se vend très bien cette année, c'est tout ce qui est entre 200 000$ et 300 000$», indique Pierre Legault.

Les statistiques de la Fédération des chambres immobilières lui donnent raison. Toutes les maisons de moins de 300 000$ sont demeurées en territoire «vendeur» sur la Rive-Nord au deuxième trimestre. Cela signifie que leur ratio d'écoulement - soit le temps qu'il faudrait pour vendre toutes les propriétés affichées - est inférieur à 8 mois.

Au-delà de 300 000$, le marché tombe immédiatement en territoire acheteur. Et plus le prix grimpe, plus les maisons mettent du temps à se vendre. Le ratio d'écoulement des résidences de plus de 500 000$ atteint 25,7 mois - plus de deux ans!

Ralentissement

Comme partout dans la grande région de Montréal, le marché de l'habitation de la Rive-Nord ralentit cette année. Les ventes globales ont reculé de 4% au deuxième trimestre, tandis que le nombre de propriétés affichées a progressé de 16 %.

Les prix médians se maintiennent malgré tout. Ils atteignent maintenant 229 000$ pour les unifamiliales (+4% sur un an), 164 500 $ pour les copropriétés (+6%) et 290 000 $ pour les immeubles de 2 à 5 logements (+8%). Il est facile de comprendre l'attrait de la région pour les jeunes familles : le prix médian des maisons individuelles est 59% plus bas que dans l'île de Montréal (365 000$).

La revente dans son ensemble perd de l'élan, mais certains secteurs de la Rive-Nord connaissent un boom, souligne le courtier Pierre Legault. «À Sainte-Anne-des-Plaines, il y a eu 86 ventes depuis le début de l'année. C'est un bond de 30% par rapport à l'année dernière!»

Si Ste-Anne-des-Plaines remporte autant de succès, c'est que les prix y sont inférieurs à ceux des villes plus proches de Montréal comme Blainville ou Rosemère. Pour se rendre dans la petite municipalité - surtout connue pour sa prison -, il faut traverser des chemins de campagne et même dépasser une cabane à sucre. L'autoroute est loin.

Pierre Legault est mandaté pour vendre une résidence dans le secteur. La maison récente de deux étages, sans voisin à l'arrière, est dotée de trois chambres à coucher, d'un vaste sous-sol fini et d'une piscine creusée. Prix demandé : 276 000$. «Elle en offre beaucoup pour le prix», fait-il valoir pendant la visite de la propriété.

Le secteur Est de la Rive-Nord - qui comprend notamment Mirabel et Saint-Eustache - connaît lui une meilleure performance que le reste la région. Là aussi, les prix abordables sont responsables. Les ventes y ont progressé de 3% au deuxième trimestre, et le prix médian des maisons unifamiliales y est demeuré à peu près stable, à 220 000$.

De toutes les zones de la Rive-Nord, c'est celle de Saint-Jérôme qui affiche le pire portrait. La revente de maisons y a reculé de 9% et celle de condos, de 25 %. Le marché favorise les acheteurs pour toutes les propriétés de plus de 200 000$, ce qui se traduit par un pouvoir de négociation accru et des transactions plus lentes. Le ratio d'écoulement atteint 38,5 mois - plus de 3 ans - pour les propriétés de plus de 300 000$.

Malgré une baisse globale du nombre de transactions, Patrick Juanéda, président du conseil d'administration de la Chambre immobilière du Grand Montréal, ne s'inquiète pas de la trajectoire du marché de la Rive-Nord. La nouvelle dynamique amènera simplement les vendeurs à être plus réalistes au moment de fixer un prix de vente, croit-il.

«Il y a moins de demande, il y a passablement plus d'inscriptions, donc c'est sûr que les acheteurs sont plus sélectifs, explique-t-il. Si, en plus, je fais l'erreur de me mettre en marché avec un peu trop d'espoir d'obtenir un prix trop élevé, ma maison va rester plus longtemps sur le marché.

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QU'OBTIENT-ON POUR.....

150 000 $

Maison mobile située sur un terrain de 15 000 pieds carrés à Terrebonne, près des autoroutes 19 et 640. La propriété rustique compte trois chambres à coucher.

300 000 $

Résidence intergénérationnelle de 4 chambres et 2 salles de bains, située à Rosemère sur un terrain de 7350 pieds carrés. La maison comprend une piscine creusée et est située non loin du train de banlieue.

500 000 $

Triplex construit en 2004 dans le secteur «Blainvillier» de Blainville. Les logements sont dotés de la climatisation, de foyers au gaz et de 2 espaces de stationnement chacun.

1 million

Résidence construite en 1989, sur un terrain de 20 153 pieds carrés en bord de rivière à Terrebonne. Cette maison au style des années 80 comprend une piscine creusée intérieure et un appartement supplémentaire. Les taxes totalisent 8104 $ par année.

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