Les ventes de maisons se maintiennent plutôt bien dans la région de Montréal, mais la Banque RBC prévoit un «essoufflement» à court terme en raison de la montée continuelle des prix.

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Dans un rapport publié hier, la RBC confirme que l'accessibilité à la propriété s'est encore dégradée dans la métropole au cours du deuxième trimestre de 2011. Montréal a perdu quelques places au classement des villes canadiennes abordables, indique l'économiste principal Robert Hogue, et le marché de la revente risque de s'en ressentir bientôt.

«Si la détérioration de l'accessibilité se poursuit, il faut s'attendre à ce que ça pèse de plus en plus lourdement sur la demande», a indiqué M. Hogue à La Presse Affaires.

Indice RBC

La RBC publie chaque trimestre un indice qui calcule les coûts de possession d'une résidence (versements hypothécaires, services publics et impôt foncier) par rapport au revenu brut d'un ménage. Plus l'indice est élevé, plus il est difficile d'être propriétaire.

Pour un bungalow détaché - la mesure étalon de RBC -, l'indice atteint désormais 42,6% à Montréal, en hausse de 1,4 point sur un trimestre. C'est un peu moins que la moyenne nationale de 43,3%, mais plus élevé que la tendance historique dans la région montréalaise, qui s'établit à 37,3% depuis 1985.

Le portrait est plus sombre pour les maisons à deux étages, prisées par les jeunes familles en banlieue. Pour détenir une telle propriété, les ménages montréalais doivent maintenant débourser 55% de leurs revenus bruts, un bond de 2,3% en un seul trimestre. C'est plus que la moyenne nationale (49,3%) et nettement au-dessus de la tendance historique de 42,3%.

«On commence vraiment à voir un certain stress de ce côté-là», a commenté M. Hogue.

Pour l'heure, cette dégradation de l'accessibilité semble loin de freiner l'ardeur des acheteurs montréalais. Le nombre de transactions, bien qu'inférieur de 8% par rapport à l'an dernier, affiche une remontée depuis deux mois dans la région métropolitaine. Qui plus est, les prix poursuivent leur lancée, avec un gain moyen de 5% pendant les sept premiers mois de 2011.

Robert Hogue s'attend à ce que le rythme des ventes s'essouffle si l'accessibilité continue à se dégrader, mais il exclut une baisse marquée des prix à Montréal. La Banque TD prédisait la semaine dernière un recul de 8%, tandis que l'économiste de RBC entrevoit plutôt une stagnation après 2012.

Quand on se compare...

Si les prix ont monté de 150% depuis une décennie dans la métropole québécoise, le marché immobilier demeure à des années-lumière de celui de Vancouver. Là-bas, l'indice d'accessibilité RBC a atteint au deuxième trimestre son pire niveau jamais enregistré. Le ménage moyen doit désormais consacrer 92,5% de ses revenus bruts pour détenir un simple bungalow, un bond de 10,4% en à peine trois mois!

«Ce que ça veut dire, à 92%, c'est que le ménage typique de Vancouver ne peut se permettre un bungalow ou une maison à deux étages, et à peine un appartement en copropriété», a expliqué Robert Hogue, soulignant que l'indice RBC demeure une mesure théorique.

Le prix moyen des propriétés dépasse désormais la barre des 800 000$ à Vancouver, contre environ 325 000$ dans le Grand Montréal. Comme plusieurs économistes, Robert Hogue s'attend à une correction des prix dans la métropole de Colombie-Britannique. «À savoir si ça sera 20 ou 30%, c'est difficile à dire, ce n'est pas impossible.»

Ailleurs au pays, l'accessibilité a continué à se dégrader au deuxième trimestre, laissant un portrait contrasté du marché immobilier. La mesure RBC pour détenir un bungalow s'est élevée à 51,9% à Toronto (+2% sur un trimestre), 41,2% à Ottawa, 37,1% à Calgary (+0,6%) et 33,8% à Edmonton (+0,6%). La moyenne québécoise est de 35,1%.

Pour détenir une maison standard à deux étages, les ménages canadiens ont dû débourser en moyenne 61,4% à Toronto, 43,1% à Ottawa, 38,5% à Calgary et 95,5% à Vancouver.

Sans surprise, la copropriété demeure l'option la moins onéreuse. L'indice RBC atteint 29,2% en moyenne pour ce type de propriété au Canada, soit 32,8% à Montréal, 34,2% à Toronto et 47,1% à Vancouver.

Par ailleurs, la récente débâcle boursière a repoussé de plusieurs trimestres la hausse prévue des taux d'intérêt au Canada, ce qui permettra de limiter les pressions sur l'accessibilité, souligne la RBC. Un couteau qui pourrait toutefois s'avérer à double tranchant, dans la mesure où les prix pourraient rester à la hausse plus longtemps que prévu, augmentant du coup les paiements mensuels des futurs propriétaires.

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Part du revenu brut dédié à la possession d'un bungalow*

42,6% à Montréal

51,9% à Toronto

92,5% à Vancouver

43,3% au Canada

*L'indice d'accessibilité de la banque RBC met en rapport les coûts de possession (versements hypothécaires, services publics et impôt foncier) et le revenu brut d'un ménage. Données pour le deuxième trimestre de 2011.