La valeur des permis de bâtir a frôlé la barre du milliard de dollars pour le deuxième mois d'affilée à Montréal en juin, devançant toutes les autres grandes villes du pays.

Les permis accordés ont totalisé 973 millions, après avoir atteint 993 millions en mai, indiquent les données publiées hier par Statistique Canada. Sur un an, la hausse atteint 63% dans la métropole, contre 8,5% en moyenne dans les grandes villes du pays. Le Québec dans son ensemble a affiché une progression de 27%.

Pourquoi de tels gains à Montréal et dans la province? Statistique Canada pointe vers les nombreux projets industriels et institutionnels. Trois entrepôts de plus de 50 000 pieds carrés ont notamment été mis en branle dans l'arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal, et à Laval, indique Jean-François Rioux, évaluateur agréé et directeur du groupe immobilier Altus.

«Ce sont des projets qui vont se faire incessamment et qui ont sans doute obtenu leur permis en juin», a souligné M. Rioux, qui a agi à titre de conseiller dans le cadre de ces transactions.

Comme il s'écoule en général deux mois entre l'attribution d'un permis et le début des travaux, ces trois chantiers démarreront au cours des prochaines semaines. L'érection de trois entrepôts majeurs ne témoigne toutefois pas d'une pénurie de locaux dans ce segment de marché, bien au contraire.

Selon les calculs de la firme Altus, le taux de vacance des bâtiments industriels à locataires multiples s'élève à 14% dans le Grand Montréal. De nombreux édifices sont désuets et possèdent des plafonds de moins de 18 pieds, alors que les utilisateurs réclament de plus en plus une hauteur minimale de 24 pieds.

«S'il y a de la construction, c'est parce que ces bâtiments ne répondent plus aux besoins des locataires, a précisé Jean-François Rioux. Le gars qui a besoin de 28 pieds ne pourra pas se contenter de 18 pieds.»

La petitesse des terrains de plusieurs vieux entrepôts - en particulier dans l'Ouest-de-l'Île - décourage aussi les locataires de s'y installer, a indiqué l'expert. Les camions-remorques de 53 pieds ont besoin d'un vaste stationnement pour faire leurs manoeuvres, une composante présente dans les nouvelles constructions.

Autres secteurs

Le secteur institutionnel a aussi enregistré de forts gains au Québec en juin. Selon Statistique Canada, l'attribution de permis pour des établissements de services sociaux a contribué à la progression de 71% du segment non résidentiel.

La construction domiciliaire, pour sa part, a ralenti en juin par rapport à mai au Québec. La valeur des permis délivrés s'est élevée à 789 millions de dollars, en baisse de 7% sur un mois, mais en légère progression de 2,2% sur un an.

Ailleurs au Canada, les permis de bâtir ont totalisé 943 millions à Toronto en juin (-5% sur un an), 527 millions à Vancouver ("7%), 441 millions à Calgary ("21%) et 181 millions à Québec ("14%). La valeur totale s'élève à 6,6 milliards au pays.

Cela fait deux mois consécutifs que Montréal enregistre de forts gains de ses permis de bâtir (la hausse a atteint 126% en mai). La construction résidentielle demeure vigoureuse dans la métropole, surtout dans la copropriété.

Le secteur des infrastructures - comme les ponts et les tunnels - fournit aussi du boulot à bien des travailleurs de la construction, mais ces données ne sont pas compilées dans l'étude de Statistique Canada.