Incendie criminel, retrait du courtier Sotheby's, contestation citoyenne: le projet immobilier du groupe Catania sur le flanc du mont Royal traîne une lourde feuille de route. Et il demeurera au point mort au moins jusqu'en février 2012 en raison de retards dans des poursuites judiciaires, a appris La Presse Affaires.

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Ce projet de 200 millions de dollars, appelé Château Maplewood, vise à transformer l'ancien couvent des soeurs des Saints noms de Jésus et de Marie en 142 condos ultraluxueux. Catania a annoncé le lancement des ventes en octobre dernier, ce à quoi un groupe de Montréalais a répliqué avec une requête, qui devait être entendue par la Cour supérieure en juin.

Or, l'audition du dossier a été reportée à la fin de février 2012. Un délai qui empêchera le promoteur de faire quelques travaux que ce soit d'ici là. «On va prendre notre mal en patience: de toute façon, ça fait déjà plus de trois ans qu'on attend les autorisations...», a dit hier André Fortin, président de Catania Groupe immobilier.

La controverse entourant le Château Maplewood touche autant la Ville que l'Université de Montréal, qui a acquis le couvent en 2003 en vue de lui donner une vocation institutionnelle. Citant des coûts de rénovation trop élevés, l'UdeM a plutôt choisi de revendre la bâtisse à Catania en 2008 pour 21 millions.

La Ville de Montréal a ensuite changé le zonage pour permettre la construction de résidences dans l'édifice patrimonial. C'est ce changement qui est contesté en cour par un groupe de citoyens, inquiet de voir les Montréalais privés d'un accès au flanc nord de la montagne.

D'ici à ce que la cause soit tranchée par un juge, l'UdeM demeure propriétaire du bâtiment. Catania, qui ne dispose ni des titres de propriété ni des permis de construction, ne devrait entre-temps réaliser aucun ouvrage sur les lieux.

Acheteurs frileux

Cette incertitude réglementaire a amené le courtier Sotheby's à cesser de vendre les appartements du Château Maplewood en février dernier, la même semaine où un incendie criminel a endommagé le bureau des ventes du projet à Outremont. Catania a rapatrié à l'interne la vente des condos, qui se détaillent entre 750 000$ et 12 millions.

Même si le bureau des ventes est toujours ouvert, l'activité semble avoir été au neutre depuis février. Le groupe est maintenant rendu à «8 ou 9» préventes sur les 49 premières résidences disponibles, a indiqué André Fortin, à peine plus que les 7 enregistrées en février.

«Il s'agit de condos de luxe, et avant de mettre des dépôts de 200 000$ à 500 000$, on veut s'assurer que ce projet-là va se faire, a dit M. Fortin hier. On comprend la clientèle.»

Malgré les nombreux retards, Catania soutient être toujours déterminé à réaliser son projet de 200 millions. Le groupe mise toutefois sur ses autres chantiers - dont le controversé Faubourg Contrecoeur, dans l'est de Montréal - pour faire des bénéfices à moyen terme.

L'opposition persiste

Les opposants au projet poursuivent entretemps leurs efforts pour tenter de rallier l'opinion publique. Quelque 2000 lettres ont ainsi été distribuées en juillet aux résidants d'Outremont, indique Pierre Labelle, porte-parole du Rassemblement pour la sauvegarde du pavillon 1420, boulevard du Mont-Royal.

M. Labelle déplore l'attitude de l'UdeM dans ce dossier. «La question qu'on se pose toujours, et j'ai écrit plusieurs fois à l'Université, c'est de savoir pourquoi ils permettent que le promoteur fasse de la publicité sur le site même en construisant un condo modèle et en affichant à l'extérieur le Château Maplewood à l'entrée principale, a-t-il dit. Je n'ai jamais eu de réponse et je trouve que c'est inacceptable.»