L'immobilier flambe à Vancouver, où l'afflux d'immigrés asiatiques, en particulier chinois, fait grimper les prix dans la métropole de l'Ouest canadien.

Les chiffres sont là: 14% d'augmentation du prix moyen des maisons en 2010, selon une étude de la Banque TD publiée la semaine dernière. Les prix pourraient même croître encore de plus de 15% en 2011, selon la banque.

Su Yi Bin, cambiste originaire de Chine, souhaite acquérir une villa dans le quartier huppé de West Vancouver pour loger sa famille. Immigré depuis peu, il partage sa vie professionnelle entre Vancouver et Shanghaï. En son absence, il désire que sa famille s'intègre à sa nouvelle vie canadienne dans les meilleures conditions.

«Pour mon enfant, faire ses études et grandir ici lui permettra de s'intégrer pleinement dans un mode de vie international. Cela ne serait pas possible en Chine», explique-t-il.

Mais son rêve a un prix: 4,3 millions de dollars pour les 450 m2 de la splendide maison qu'il visite.

L'agglomération de Vancouver, la troisième du pays, est une terre d'accueil sans équivalent au Canada pour les immigrants. Sur 2 millions d'habitants, elle en compte plus de 800 000 d'origine étrangère. Et rien que dans la ville de Vancouver, 29% des habitants étaient Chinois ou d'origine chinoise en 2006, selon le recensement canadien.

Des demandes d'investisseurs chinois fortunés, l'agent immobilier Clarence Debelle ne cesse d'en voir. En cinq mois, sa clientèle originaire de Chine est passée de deux à 40 acheteurs potentiels.

«Nous n'avons pas tant de maisons disponibles que cela à West Vancouver. Et les acquéreurs chinois achètent un très grand nombre d'entre elles. Je pense que les prix vont continuer à augmenter», estime-t-il.

Un consultant intermédiaire a senti forcir le vent de l'Est. Face au nouvel afflux de capitaux, Cam Good a ouvert deux halls d'exposition d'appartements en prévente à Pékin et Hong Kong.

Selon lui, les autorités chinoises sont «très préoccupées par l'essor de l'immobilier. En Chine, les achats sont limités à deux propriétés par personne ou par ménage».

Soixante-dix mètres carrés pour 500 000 dollars peut paraître cher, même avec vue sur la mer. Mais être propriétaire à vie pèse lourd dans la balance, car en Chine, tout bail est limité à 70 ans.

Pour obtenir une signature, la société «The Key» de M. Good s'adapte aux coutumes asiatiques. «On consulte un maître de feng shui pour être sûr que les plans de l'immeuble satisfont les Chinois», confie-t-il.

Les résultats sont là: sur les 40 premières ventes du complexe Central (107 appartements de luxe), 50% des acquéreurs sont originaires de Chine.

Mais malgré cette fièvre chinoise, il ne s'agit pas d'une bulle au bord de l'explosion.

Pour Tsur Somerville, directeur du centre d'économie urbaine et d'immobilier de l'Université de Colombie-Britannique, «il y a vraiment peu de chance que le Canada connaisse ce qui s'est passé aux États-Unis. Certes, Vancouver est extrêmement cher, mais ça a toujours été le cas depuis très longtemps».

Si correction il y a, elle sera minime, pense-t-il. Car à la différence du marché américain, au Canada les prêts immobiliers sont mieux encadrés et il n'y a pas de surplus de logements.

Selon l'une des principales agences immobilières du pays, Royal LePage, le marché a atteint un pic et devrait se calmer au second semestre 2011. Elle s'attend à ce qu'à la fin de l'année les prix augmentent à l'échelle nationale de 7,7% sur 12 mois.

Quant à M. et Mme Su, ils n'ont pas encore arrêté leur choix, mais ils sont sûrs d'une chose: «Si ma femme et moi trouvons une maison qui nous convient, nous nous installerons, et si cette maison prend de la valeur par la suite c'est encore mieux.»