La Caisse avait promis un coup d'éclat en mai dernier. Hier, sa filiale immobilière Ivanhoé Cambridge a annoncé qu'elle devenait propriétaire du complexe immobilier Rockhill, l'un des plus imposants ensembles d'appartements de Montréal.

«C'est un cadeau du ciel. On parle d'un immeuble trophée en bon état qui répond à tous nos critères», a dit, au téléphone, Martine Philibert, directrice gestion d'actifs chez Ivanhoé Cambridge Résidentiel, nouvelle entité du groupe Ivanhoé Cambridge.

Les 1004 logements du Rockhill sont répartis en six immeubles de 16 et 21 étages. Stratégiquement situé sur le chemin de la Côte-des-Neiges face au cimetière Notre-Dame-des-Neiges sur le mont Royal, le complexe, construit en 1967, était la propriété de la caisse de retraite du Canadien National. Aujourd'hui, une personne doit s'attendre à payer en moyenne 1220$ par mois pour louer un logement au Rockhill.

En mai dernier, le patron de l'immobilier à la Caisse, Daniel Fournier, avait confié à La Presse Affaires qu'une transaction d'envergure était imminente. Son groupe a pris la décision stratégique d'ajouter avec les tours d'appartements un troisième axe de croissance en plus des centres commerciaux et des immeubles de bureaux. «L'avantage de l'immobilier multirésidentiel est qu'il donne un rendement plus stable avec un niveau de risque moindre», avait-il alors expliqué.

Une autre raison peut se trouver dans la rareté des immeubles de premier plan à vendre dans le marché. «Des immeubles de catégorie A (les meilleurs immeubles) à vendre dans le bureau et les centres commerciaux, ce sont des animaux rares par les temps qui courent. C'est peut-être pour ça que les grandes caisses de retraite se tournent vers le multirésidentiel», dit Louis Burgos, premier vice-président du courtier Cushman&Wakefield à Montréal, à qui on a demandé de commenter la transaction.

La Caisse veut détenir à terme jusqu'à 10% de son portefeuille immobilier dans cette catégorie d'actif, soit environ 3 milliards de dollars. D'autres transactions sont donc à prévoir. Outre Montréal, Ivanhoé cible les villes de Vancouver et Toronto au Canada, explique Martine Philibert. Aux États-Unis, les villes de New York, où la Caisse détient déjà 2500 logements, Boston, Washington, Los Angeles et San Francisco sont aussi sous la loupe. «On commence à regarder les villes en Europe», a-t-elle précisé.

Le prix n'a pas été dévoilé. Le quotidien The Gazette parlait dans son numéro d'hier d'un prix de 160 millions. L'immeuble est évalué à 62 millions par la Ville. Oxford aurait été sur les rangs pour acquérir le Rockhill.

Cet intérêt des caisses de retraite pour le multirésidentiel est nouveau, selon François des Rosiers, professeur de gestion urbaine et immobilière à l'Université Laval. «Les caisses de retraite veulent éviter les problèmes d'image si jamais des locataires se plaignent des loyers», fait-il remarquer.

Dans le cas du Rockhill, la Caisse confie la gestion à l'externe à la firme Cogir, de Serge et Mathieu Duguay, des gestionnaires bien connus à Montréal. Ils gèrent un parc immobilier de 15 000 appartements en Ontario et au Québec.