La Ville de Longueuil a réalisé un profit intéressant en vendant un terrain industriel à Postes Canada pour 4,49$ le pied carré, il y a trois semaines. Elle avait acquis ce terrain et plusieurs autres de l'organisme à but non lucratif qui administre l'aéroport de Saint-Hubert, DASH-L, pour 1,03$ le pied carré deux ans plus tôt.

Une vente contestée

La Presse Affaires a révélé samedi que DASH-L a vendu 850 000 mètres carrés de terrains à la Ville à un prix avantageux, sans tenter d'en maximiser la valeur, selon un rapport de vérification de la firme KPMG. Le document déposé en Cour supérieure examine la transaction de 9,5 millions de dollars ratifiée au printemps 2009, et conclut que l'organisme aurait pu récolter davantage en lançant un appel d'offres ou en lotissant les terrains qu'elle a vendus en vrac.

Longueuil a revendu une partie de ces terrains, il y a trois semaines. Et à première vue, le prix de vente semble donner raison à l'analyse de KPMG.

La Ville vient en effet de céder près de 16 000 mètres carrés à Postes Canada au sud de la route de l'aéroport. Le prix de vente est de 756 632,80$, soit 4,49$ le pied carré. C'est quatre fois et demie le prix au pied carré payé par la Ville en 2009.

Le président de l'Association des propriétaires de l'aéroport (APASH), Pascal Gosselin, s'explique mal que DASH-L n'ait pas reçu davantage pour ses terrains.

«Ce qui est clair, net et précis, c'est la question de savoir pourquoi DASH-L n'a pas tenté de maximiser les revenus lors de cette transaction immobilière», indique M. Gosselin, qui dirige l'entreprise de maintenance Aéroteknic.

Les locataires de l'aéroport ont déjà subi des hausses de loyer depuis que Transports Canada a cédé cette vaste infrastructure à DASH-L en 2004, souligne-t-il. Pour assainir ses finances, cet organisme à but non lucratif a aussi imposé des frais d'atterrissage.

«Les gens sur l'aéroport paient beaucoup plus que ce qu'ils payaient lorsque Transports Canada exploitait l'aéroport, affirme M. Gosselin. Il n'y a pas eu de nouveaux terrains de loués, il n'y a pas eu de nouveaux revenus, alors DASH-L a pressé le citron plus fort.»

Un prix juste

La direction de DASH-L assure qu'elle a obtenu un juste prix pour les quelque 85 hectares de terrains.

«C'est une vente qui a été faite en vrac, rétorque le président, Pierre-Hugues Miller. La Ville de Longueuil a acheté neuf millions de pieds carrés. Donc, en partant, il faut s'attendre à ce que les sommes soient un peu moins élevées.»

La parcelle que la Ville a revendue à Postes Canada est située en bordure de la route de l'aéroport, et elle est connectée aux infrastructures municipales comme le réseau d'eau, souligne l'administrateur. Il est donc normal que sa valeur soit plus élevée. Plusieurs autres terrains vendus par DASH-L ne sont pas desservis par ces services, et valent donc beaucoup moins.

«Ces terrains, on les avait depuis 2004, relate M. Miller. Cinq ans plus tard, on n'avait pas réussi à les exploiter. On n'avait pas trouvé preneur pour ces terrains.»

La vente en vrac de terrains a permis à DASH-L de financer une autre transaction immobilière, selon le rapport KPMG. L'organisme a en effet payé 3 millions à une société appartenant à l'un de ses administrateurs, la Corporation DEV-YHU, pour acquérir un immeuble afin de le transformer en aérogare. Le tiers de cette somme a été empoché par l'entreprise pour qu'elle prépare un plan d'affaires. Deux ans plus tard, la première pelletée de terre se fait toujours attendre.