La bulle immobilière de Vancouver inquiète tous les économistes du pays, mais à Montréal, les craintes de surchauffe sont bel et bien dissipées. Parmi toutes les grandes villes canadiennes, c'est dans la métropole québécoise que la revente de maisons a le plus reculé depuis le début de l'année.

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Le nombre de transactions a fléchi de 11,4% pendant les cinq premiers mois de l'année dans la métropole québécoise, indiquent des données publiées hier par l'Association canadienne de l'immeuble (ACI). En comparaison, les ventes ont baissé de 9,6% à Toronto, de 4,6% à Calgary et grimpé de 9,6% à Vancouver, pour un repli global de 6,4% au pays.

Partout dans l'industrie immobilière montréalaise, les courtiers arrivent au même constat: les affaires tournent au ralenti.

«C'est plus tranquille que l'année passée, résume Pierre Viens, courtier chez Via Capitale du Mont-Royal. Je ne m'en tire pas mal parce que j'ai du volume, mais je suis allé dîner la semaine dernière avec un important agent, qui a une équipe, et il me disait la même chose: il est en retard sur son chiffre d'affaires de l'année 2010.»

De janvier à mai, 20 365 propriétés ont changé de main dans la région métropolitaine, contre 22 996 à la même période l'an dernier. Le nombre d'inscriptions en vigueur a suivi la tendance inverse, avec une augmentation de 19% à la fin mai.

Le prix moyen des résidences demeure néanmoins 5,8% plus élevé qu'il y a un an à Montréal, atteignant en moyenne 307 735$ depuis le début de l'année.

Entre deux pôles

Les courtiers - tout comme les vendeurs de maisons - devront s'habituer à la nouvelle dynamique moins vigoureuse du marché, avertit Dominic StPierre, directeur des services immobiliers Royal LePage dans la région du Québec. «Lorsqu'on mettait une maison à vendre, surtout dans l'île de Montréal, c'était possible qu'en l'espace d'une semaine, on ait 10 offres, dont 2 supérieures au prix de vente. C'est sûr qu'on ne peut plus s'attendre à ça.»

Le marché revient en quelque sorte en territoire plus normal, et il devrait le rester au cours des prochaines années, avance M. St-Pierre. Comme plusieurs économistes, il prévoit des délais de vente un peu plus longs et des hausses de prix minimes, loin du bond de 150% enregistré au total pendant la décennie 2000.

Pour l'ensemble du Canada, le nombre total de transactions a monté de 2,7% le mois dernier par rapport à mai 2010, a indiqué hier l'ACI. Le marché de Vancouver continue de déformer les statistiques du pays, avec des ventes en assez forte hausse le mois dernier - 7,2% sur un an - et un prix moyen de 25,7% plus élevé qu'il y a 1 an, à 831 555$.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a émis des craintes hier au sujet de la surchauffe de Vancouver. Mais en excluant ce cas extrême, le marché immobilier apparaît relativement sain dans l'ensemble du pays, selon l'ACI.

Gary Morse, président de l'Association, a tenté une petite blague hier pour décrire la situation actuelle. «Le marché de l'habitation canadien subit des hauts et des bas depuis quelques années - un peu comme dans l'histoire de Boucle d'or et les trois ours: ni trop chaud ni trop froid.»