Appartement de 950 pieds « avec cachet » dans le quartier Petite-Patrie, offrant deux chambres à coucher, une salle de bains et une petite cour à l'arrière. Prix demandé : 379 000 $. La valeur moyenne d'un triplex dans le même quartier il y a quatre ans !

Les exemples du genre ne sont plus rares à Montréal. Tellement que la métropole québécoise vient de perdre pour de bon son statut de « ville abordable », selon une nouvelle étude publiée hier par Recherche économique RBC.

« À la lumière de la détérioration qui a eu lieu au cours du premier trimestre de cette année, ceux qui prétendaient encore que Montréal était abordable réalisent que ça devient de moins en moins le cas », a indiqué à La Presse Affaires Robert Hogue, économiste principal à la RBC.

La banque publie chaque trimestre un indice d'accessibilité, qui calcule les coûts de possession d'une résidence (versements hypothécaires, services publics et impôt foncier) par rapport au revenu brut d'un ménage. Plus l'indice est élevé, plus il est difficile d'être propriétaire.

Pour les bungalows détachés, la mesure s'est établie à 43,1 % au premier trimestre dans la région métropolitaine de Montréal, en hausse de 2 % par rapport à la fin de 2010. Les propriétés sont moins accessibles qu'à Ottawa (indice de 39 %), Calgary (35,9 %) et Edmonton (31,5 %), mais elles restent un peu plus abordables qu'à Toronto (47,5 %), révèle l'étude de RBC.

Vancouver demeure un cas unique au pays, avec un indice de 72,1 %, en hausse de 3,4 % sur un trimestre.

« Montréal était pendant très longtemps presque une aubaine par rapport à d'autres centres de même envergure ; il y a un rattrapage qui s'est fait », a souligné M. Hogue.

Cette hausse marquée des prix - la valeur de revente médiane des unifamiliales a grimpé de 8 % le mois dernier dans l'île, à 355 000 $, par rapport à avril 2010 -, couplée à un resserrement des règles de financement hypothécaire, commence à faire sentir son effet sur les ventes. Le nombre de transactions a reculé de 18 % le mois dernier dans la métropole.

« Le téléphone sonne beaucoup moins qu'il devrait sonner pour les propriétés que j'ai à vendre », a observé Pierre Viens, courtier chez Via Capitale du Mont-Royal.

L'économiste Robert Hogue ne craint cependant pas une chute des prix dans les prochaines années à Montréal. « Peut-être une certaine augmentation ou une certaine baisse, mais pas trop loin de zéro en terme de croissance de prix. Ça demeure un marché assez équilibré. »

Son pronostic est beaucoup plus sombre pour Vancouver, où le prix moyen d'une propriété s'est établi à 802 000 $ le mois dernier, en hausse de 21 % sur un an. Selon lui, le marché est de plus en plus « déconnecté des conditions de la demande locale et plus sensible à une douloureuse correction ».

L'augmentation prévue des taux d'intérêt - qui devraient grimper de 2 % d'ici la fin de 2012 selon la RBC - attise d'autant plus les inquiétudes de Robert Hogue.

Pour une hypothèque de 600 000 $ (chose commune à Vancouver), par exemple, une hausse des taux de 5,59 % à 7,59 % fera passer les paiements mensuels de 3694 $ à 4423 $, soit un bond de 729 $.