Les institutions financières du pays ont abaissé leurs taux hypothécaires au cours des 48 dernières heures, laissant présager un léger répit aux acheteurs de maisons.

Desjardins, la BMO, la TD et la Banque Laurentienne ont ainsi réduit de 0,10% le taux de leurs prêts fermé sur cinq ans, pour le faire passer à 5,59%.

«Les taux d'intérêt se maintiennent à des niveaux historiquement bas et, du fait du ralentissement de l'économie, la probabilité de voir la Banque du Canada hausser les taux est reportée de l'été à l'automne, a déclaré Michael Gregory, économiste principal chez BMO Marchés des capitaux. La combinaison de ces facteurs laisse une plus grande latitude à ceux qui chercheront à acheter une propriété durant la période très occupée du printemps.»

Cette baisse s'inscrit dans le véritable mouvement de yoyo suivi par les taux depuis l'été dernier. Le taux fixe de cinq ans de la BMO, par exemple, a grimpé de 0,35% le mois dernier, après une baisse de 0,10% en mars, des hausses de 0,25% en février, 0,20% en décembre et 0,25% en novembre, précédées de six replis de 0,10% à 0,20%.

L'annonce des banques coïncide aussi avec des remarques tenues mercredi soir par le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney. Dans un dîner de charité auquel assistaient des économistes en vue, il a indiqué ne plus ressentir le besoin d'être aussi précis dans ses avertissements touchant les hausses de taux d'intérêt, a rapporté hier Avery Shenfeld, économiste en chef de la CIBC, qui assistait à l'événement.

Ainsi, M. Carney ne fera plus nécessairement comme en avril 2010, quand il a averti les médias que la Banque du Canada mettait fin à son «engagement conditionnel» de maintenir les taux au plancher. L'institution s'était engagée en avril 2009 à garder le taux directeur à 0,25% au moins jusqu'au deuxième trimestre de 2010, pour stimuler l'économie pendant la crise.

«Il ne voit pas le besoin d'être aussi spécifique en général», a commenté Avery Shenfeld dans un rapport hier. L'économiste a peu après demandé d'ignorer sa note, puisque les propos tenus par Mark Carney se voulaient à micro fermé (off the record), a-t-il réalisé trop tard.

Même si la Banque du Canada cessera de donner des indications claires à l'avance quant à ses changements de cap, Mark Carney a dit espérer que les marchés financiers pourront anticiper la trajectoire des taux. «Carney a rappelé aux emprunteurs que le scénario de base inclut des hausses de taux d'ici deux ans», rapporte l'économiste de la CIBC.

Plus tôt cette semaine, pendant une conférence à Ottawa, M. Carney a souligné que toute hausse sera «étudiée avec soin». La Banque a relevé son taux directeur trois fois l'an dernier, le faisant passer d'un quart de point à 1%.

L'institution a par la suite reconduit le taux de 1% à cinq reprises, la dernière fois le mois dernier.

Inquiétudes américaines

M. Carney s'est par ailleurs inquiété mercredi soir de l'endettement américain. Il croit que les États-Unis s'attaqueront à leurs problèmes fiscaux seulement «après 2012», et il craint que les marchés obligataires n'envoient pas le bon signal à Washington d'ici là, indique Avery Shenfeld.

Selon le gouverneur de la Banque du Canada, il faudra beaucoup de temps avant d'assister à un resserrement «significatif» de la politique monétaire américaine.