Maison impeccable de 2700 pieds carrés, offrant trois chambres à coucher, trois salles de bains et un joli terrain boisé à Spring Hill, en Floride. Prix de vente en 2006: 328 000$. Prix de revente le mois dernier: 99 900$.

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Jaz Zyndenbos, courtier immobilier chez Keller Williams Realty à Spring Hill, au nord de Tampa, a piloté la plus récente transaction. Il n'en revient toujours pas de l'effondrement des prix dans sa communauté - comme dans l'ensemble des États-Unis. «Les prix ont baissé des deux tiers ici depuis le début de la crise! a-t-il lancé hier à La Presse Affaires. Qui sait jusqu'où ça ira?»

La dégringolade est loin d'être terminée, si l'on se fie à l'indice mensuel S&P\Case-Schiller publié hier. Selon cette enquête menée dans les 20 plus grandes métropoles américaines, les prix ont encaissé un recul annuel de 3,1% en janvier, la pire baisse depuis décembre 2009. Les analystes s'attendaient en moyenne à une baisse de 3,3%.

Parmi les agglomérations les plus touchées, on compte Phoenix (-9,1%), Detroit (-8,1%), Portland (-7,8%), Chicago (-7,5%) et Tampa (-7%). Sur les 20 villes étudiées, seules San Diego et Washington ont affiché une faible croissance des prix depuis un an (+0,1% et "3,6%).

Les responsables de l'indice S&P\Case-Schiller parlent d'un début d'année «horrible» pour l'immobilier. «La récession n'est pas terminée pour le marché de l'habitation, et aucune statistique ne pointe vers une quelconque reprise», a fait valoir David M. Blitzer, président du comité de l'indice chez Standard&Poor's, dans le rapport diffusé hier.

Le nombre élevé de saisies immobilières continue de gonfler le stock de maisons à vendre, poussant les prix toujours plus bas. La tendance du marché est si négative qu'elle pourrait signifier «que le retour en récession que tout le monde craint est en train de se matérialiser», a avancé M. Blitzer.

L'indice des prix a baissé de 31,8% depuis le sommet de l'été 2006 dans l'ensemble de 20 villes étudié par Standard&Poor's.

Selon les statistiques les plus récentes de la National Realtors Association, le prix médian des maisons existantes a atteint 156 100$US le mois dernier à l'échelle des États-Unis, en recul de 5,2% par rapport à février 2010.

Occasions d'achat

Les États du Sud, comme le Nevada et la Floride, ont été particulièrement touchés par la débandade du marché. Un boulet pour l'économie de tout le pays... et une occasion en or pour les Canadiens à la recherche d'une résidence secondaire à petit prix.

Avec un huard plus fort que le dollar américain, les Canadiens sont plus nombreux que jamais à chercher ces jours-ci une propriété en Floride, selon le courtier Jaz Zyndenbos. Sur le site web de son agence, on trouve plusieurs maisons affichées entre 30 000$US et 90 000$US dans les environs de Spring Hill, près du golfe du Mexique.

L'achat d'une propriété saisie par la banque (foreclosure) peut toutefois s'avérer assez ardu. Walter Fortunato, homme d'affaires montréalais, a déposé quelques offres d'achat sur de tels condos au cours des dernières années, sans succès.

Le Québécois a finalement arrêté son choix il y a un an et demi sur un appartement de Hillsboro Beach, près de Boca Raton, vendu de façon «traditionnelle». Il a payé 250 000$US pour le penthouse de 1250 pieds carrés, qui se serait vendu plus de 600 000$US avant la crise, selon son estimation.

«On ne l'a pas acheté pour faire un profit, mais plutôt pour en profiter quelques semaines par année, a dit M. Fortunato. On s'est dit qu'on va en profiter pendant 10 ou 15 ans... et qu'on aura au moins récupéré ce qu'on a payé en frais de condo d'ici là.»

Recul moyen de l'indice des prix depuis le sommet de l'été 2006

dans les 20 plus grandes villes américaines

Source : Indice S