Projets immobiliers audacieux, nouvelles tendances, occasions d'affaires: notre journaliste Maxime Bergeron vous proposera toutes la semaine des articles en direct du MIPIM. Cette grand-messe mondiale de l'immobilier commercial regroupe plus de 17 000 participants de l'industrie en provenance de 80 pays.

Gigantesque centre commercial de 2 millions de pieds carrés à Londres; complexes de ski de 15 milliards US dans le Caucase russe; création d'un tout nouveau quartier des affaires à Manhattan: la crise de l'immobilier commercial semble bel et bien chose du passé.

Le plus grand congrès mondial de l'industrie - le MIPIM - s'ouvre aujourd'hui à Cannes sur une note autrement plus optimiste que celle des deux années précédentes. La demande de nouveaux locaux est en hausse un peu partout sur la planète, tout comme l'appétit des investisseurs pour les immeubles existants et les projets récréatifs et commerciaux.

Selon la firme Jones Lang LaSalle, l'investissement direct dans le rachat d'immeubles a explosé de 50% l'an dernier, à 316 milliards US. Et il devrait se redresser de 25% supplémentaires cette année, avec de nombreuses transactions et le lancement d'une foule de nouveaux projets partout dans le monde, notamment des tours de bureaux.

«Il n'y a eu à peu près aucune construction spéculative depuis 18 à 24 mois, c'est pour ça qu'on voit le marché se resserrer à Londres et New York entre autres», a souligné à La Presse Affaires Steve Collins, responsable du marché des Amériques chez Jones Lang LaSalle.

Marché montréalais

Et qu'en est-il de Montréal? Verra-t-on des tours de bureaux s'élancer bientôt dans le ciel de la métropole, après des années d'inactivité? Peut-être pas dans les mois qui viennent, mais cela ne saurait trop tarder, font valoir les experts.

«On observe un marché de plus en plus serré, souligne Brett Miller, vice-président exécutif de CB Richard Ellis pour l'est du Canada. Ce sera intéressant à observer: soit il y aura une nouvelle tour, soit les entreprises vont regarder en périphérie du centre-ville ou en banlieue pour trouver de nouveaux locaux.»

Les loyers demandés dans les meilleurs gratte-ciels de Montréal - de catégorie AAA - ne sont pas encore assez élevés pour rentabiliser l'érection d'une nouvelle tour, mais «ils s'en approchent», dit M. Miller. Ils sont aujourd'hui dans une fourchette de 22$ à 25$ (net) le pied carré, alors qu'ils devraient osciller entre 27$ et 30$ pour justifier un nouveau projet, note-t-il.

Cela n'empêche pas certains promoteurs de chercher activement à lancer de nouveaux projets. Canderel, par exemple, planifie une tour au Carré Phillips, et dit avoir d'autres projets au stade préliminaire. Kevlar veut pour sa part construire une tour mixte de bureaux et d'appartements en copropriété au Square Victoria, dans le Quartier international.

Des annonces seront «probablement» faites cette année, croit Claude Gilbert, associé en transactions et leader des services en immobilier PricewaterhouseCoopers à Montréal. «Il y a des gens qui pourraient lancer leur projet en 2011, en anticipant qu'une fois que le projet sera terminé en 2013, les loyers auront atteint le niveau nécessaire pour justifier la construction.»

L'expert souligne que la revente d'immeubles commerciaux se porte très bien dans la métropole. «Le marché a récupéré presque tout ce qu'il avait perdu à la suite de la crise financière de 2008-2009. Il y a plus d'argent disponible que de produits existants. Chaque fois qu'un produit est mis en vente sur le marché, il y a beaucoup d'acheteurs.»

Les chiffres les plus récents de CB Richard Ellis confirment cette vigueur retrouvée. Les 976 transactions réalisées l'an dernier dans la métropole ont totalisé 2,9 milliards de dollars, ce qui représente un bond de 52% en un an. La vente du 1801, McGill College, a été l'un des plus gros deals de 2010.