«Mini-renaissance»; «atterrissage en douceur»; «retour à l'équilibre»: les données publiées hier sur la revente de maisons au Canada ont rassuré la majorité des économistes, éloignant encore un peu plus le spectre d'un effondrement à l'américaine.

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Le nombre de transactions a grimpé de 4,8% au pays en novembre par rapport à octobre, a indiqué l'Association canadienne de l'immeuble (ACI). Il s'agit de la quatrième hausse mensuelle d'affilée, et d'un rebond de 19,5% depuis le creux atteint en juillet dernier.

Les ventes demeurent toutefois 9,3% plus basses qu'en novembre 2009, alors que le secteur de la revente était en pleine ébullition. Rien d'anormal, selon Gregory Klump, économiste en chef à l'ACI.

«Suite aux baisses significatives qui ont été enregistrées au début de la récente récession économique et aux hausses vertigineuses qui se sont produites pendant la reprise qui a suivi, le marché de l'habitation au pays semble retourner à des niveaux habituels», a-t-il indiqué.

Le prix moyen des propriétés a atteint 344 268$ le mois dernier, une hausse de 2% sur un an.

Les prix sont plus élevés qu'il y a un an dans 22 des 25 plus grandes villes du pays, indique l'économiste Robert Kavcic, de la BMO. Ils ont progressé de 7,3% à Montréal, de 12,3% à Vancouver, de 4,7% à Toronto et reculé de 0,6% à Calgary.

«Après un parcours spectaculaire qui a vu se succéder une récession, un rebond brûlant et une mini-correction, le marché canadien de l'habitation semble avoir atterri sur des bases solides, a souligné M. Kavcic dans un rapport. Le marché semble maintenant bien équilibré, alors que ni les vendeurs ni les acheteurs n'ont un avantage significatif.»

Rareté

Les maisons à vendre sont de plus en plus rares, ce qui contribue au maintien des prix. Selon les données de l'ACI, il faudrait 5,8 mois pour écouler tout «l'inventaire» de propriétés disponibles sur le marché, comparativement à 6,1 mois en octobre.

Cette rareté est palpable à Montréal, ont indiqué plusieurs courtiers à La Presse Affaires. «Ça devient problématique car on n'a pas assez de propriétés à offrir à nos clients, a souligné François Mackay, qui dirige une équipe de 16 courtiers. Les maisons inscrites à juste prix trouvent preneur rapidement.»

Pierre Viens, courtier à La Capitale du Mont-Royal, remarque aussi la faiblesse actuelle de l'inventaire. Il dit avoir réalisé ses meilleures ventes à vie en 2010, malgré un ralentissement du marché entre septembre et novembre.

Selon Pascal Gauthier, économiste principal à la Banque TD, le raffermissement du marché observé partout au Canada est de bon augure pour les mois à venir.

«Nous nous attendons à ce que les ventes de maisons demeurent bien soutenues pendant les quelques prochains trimestres, avant que la hausse des taux d'intérêt ne vienne ralentir le rythme des ventes», a fait valoir M. Gauthier.

Un autre stratège de la TD, David Tulk, estime quant à lui que le pays assiste clairement à une «mini-renaissance» de son secteur immobilier.

L'ACI fait valoir que le marché canadien «se stabilise graduellement depuis juillet», et que 60% des marchés locaux ont maintenant atteint un point d'équilibre.