La reprise économique américaine a raté une marche, hier, avec le dévoilement de données décevantes sur les mises en chantier.

Sur le plan national, 593 000 mises en chantier ont été enregistrées aux États-Unis en mai, une baisse de 10% par rapport au mois précédent.

Les mises en chantier pour les maisons unifamiliales ont plus écopé encore: elles ont reculé de 17, 2%, pour se chiffrer à 468 000.

Les analystes s'attendaient à une hausse des mises en chantier, indicatrices d'une reprise économique solide. La baisse coïncide avec l'expiration du crédit d'impôt de 8000$US consenti par le gouvernement fédéral aux acheteurs d'une première maison.

Dans une récente allocution, Robert Shiller, économiste à l'Université Yale et spécialiste de l'immobilier, s'est dit pessimiste pour l'avenir de l'immobilier. «Personnellement, j'entrevois un recul au niveau des marchés financiers, et une baisse des prix de l'immobilier. C'est une spirale qui est encouragée par les mauvaises nouvelles qui arrivent et qui changent les perceptions.»

La semaine dernière, le chef économiste de l'entité hypothécaire fédérale américaine Fannie Mae, Douglas Duncan, a signalé que le marché resterait mauvais au moins jusqu'en 2013.

Selon M. Duncan, le surplus de maisons en reprise bancaire est si important que des quartiers entiers pourraient être rasés pour rétablir l'équilibre.

«Une partie de ce surplus pourrait devoir être rasée, a-t-il dit dans une réunion de travail à Austin, Texas. Le coût de l'entretien pourrait être plus grand que la valeur marchande des maisons. Ce n'est pas très patriotique de parler de raser des maisons, mais ce pays a une longue tradition de villes fantômes.»

Sentiment défavorable

Le sentiment populaire envers l'immobilier a pris un virage à 180 degrés ces dernières années aux États-Unis. Longtemps vu comme une façon d'accumuler de l'agent à long terme, le fait de posséder une maison est de plus en plus considéré comme un fardeau.

Les constructeurs aussi sont pessimistes. À titre d'exemple, l'index mensuel compilé par l'Association nationale des constructeurs est à 17 pour le mois de mai, soit son niveau le plus bas depuis février. L'index trouve son point d'équilibre à 50: une donnée supérieure indique un environnement favorable, tandis qu'une valeur inférieure à ce nombre dénote un marché difficile.

Un rapport du Centre des études en immobilier de l'Université Harvard dévoilé lundi laisse entrevoir un avenir morose pour ce secteur-clé de l'économie.

Selon le rapport, le taux de chômage élevé, le nombre important de maisons en reprise bancaire, et la fin des mesures d'encouragement du gouvernement fédéral produisent un environnement toxique pour l'immobilier.

«Il faudra sans doute des années avant que les répercussions de la Grande Récession ne soient derrière nous», note l'étude.

Le sommet du marché aux États-Unis a été atteint à l'été 2005, alors que le prix moyen d'une maison représentait 4,6 fois le revenu familial américain moyen. Au Canada, le prix moyen d'une maison en 2010 correspond à cinq fois le revenu moyen des ménages.

Les spécialistes financiers conseillent généralement aux acheteurs d'acheter une maison dont le coût ne représente pas plus de trois fois le revenu annuel familial.