La construction de logements aux États-Unis a connu un nouveau mois noir en mai, après l'expiration d'un dispositif d'incitation fiscale l'ayant soutenue pendant près d'un an.

Selon des chiffres publiés mercredi par le département du Commerce, les mises en chantier de logements ont chuté de 10,0% par rapport à avril pour toucher leur plus bas niveau depuis décembre.De plus, le nombre de permis de construire accordés, indicateur de la tendance future, a reculé pour le deuxième mois de suite de 5,9%.

Le nombre des autorisations de construire est tombé ainsi à son plus bas niveau depuis mai 2009, période où le secteur de la construction commençait tout juste à se rétablir après une longue descente aux enfers provoquée par la récession.

Dans un cas comme dans l'autre, les chiffres ont apporté une mauvaise surprise aux analystes, dont ils ont contredit les prévisions médianes.

Posséder sa maison fait partie intégrante du rêve américain, et la construction de logements représente de ce fait une part importante de l'activité économique aux États-Unis en temps normal.

Les chiffres publiés mercredi ont été particulièrement mauvais dans la mesure où la baisse des départs de chantiers et des permis a été tirée par le secteur des maisons individuelles, qui représente les trois quarts de l'activité du secteur.

Avec un recul de 17,2%, les mises en chantiers de maisons individuelles ont ainsi connu leur chute la plus forte depuis janvier 1991.

Les analystes s'accordent pour dire que le recul des mises en chantier et des permis est la conséquence directe de l'arrivée à expiration, fin avril, du crédit d'impôt accordé aux acheteurs d'un bien immobilier.

Ce dispositif fiscal avait permis d'enrayer le recul de la construction, et plus généralement de stabiliser le marché du logement à partir du printemps 2009.

Publiée mardi, l'enquête mensuelle sur le moral des constructeurs de logement réalisée par l'association professionnelle du secteur NAHB et la banque Wells Fargo a témoigné que celui-ci avait baissé nettement en juin.

Les chiffres du ministère montrent que le nombre de logements en cours de construction est tombé à 475 000 en rythme annuel, son plus bas niveau dans les annales du département du Commerce, qui remontent à janvier 1970 pour cette série statistique.

Le secteur du logement a été à l'origine de la crise. «Il faudra plus que des incitations de l'État pour (le) faire revenir à la normale», juge l'économiste indépendant Joel Naroff.

Néanmoins, du fait du maintien des taux d'intérêt à un niveau faible, Nigel Gault, du cabinet IHS Global Insight, estime que l'augmentation de l'emploi constatée depuis le début de l'année devrait «conduire à une amélioration de l'activité dans le secteur du logement au second semestre».

Theresa Chen, de Barclays Capital, prévoit elle aussi une amélioration au deuxième semestre, mais «à un rythme très lent». C'est également l'avis de Celia Chen, de Moody's Economy.com, pour qui la croissance de la construction ne devrait «pas retrouver un rythme normal avant 2012».

L'économie du pays dispose d'autres moteurs de croissance, comme la production industrielle. Selon des chiffres officiels publiés, celle-ci a connu en mai sa plus forte hausse depuis août, ce qui pourrait être le signe d'une accélération de la reprise au deuxième trimestre.