Le marché du logement américain apparaît encore loin d'être tiré d'affaire à quelques jours de l'arrêt d'un gigantesque programme de la banque centrale (Fed) qui le soutien depuis plus d'un an.

Tous les indicateurs publiés depuis le début du mois aux États-Unis ont témoigné d'un nouvel accès de faiblesse de l'immobilier, à l'origine de la crise.

Selon le dernier chiffre officiel, publié mercredi, les ventes de logements neufs sont tombées en février à leur plus bas niveau depuis 1963 au moins.

Les économistes estiment que le mauvais temps en particulier les tempêtes de neige qui ont paralysé des régions entières de l'est du pays en février, a pesé sur l'activité, empêchant des signatures de contrat ou des visites de biens à vendre.

Malgré cela, on peut «difficilement affirmer que la conjoncture est bonne», résume l'économiste indépendant Joel Naroff.

Le marché du logement a été à l'origine de la crise financière apparue en 2007 en nourrissant une bulle fondée sur l'idée que les prix de l'immobilier ne pouvaient que monter.

Quand ceux-ci ont commencé à baisser fin 2005, les emprunteurs les plus fragiles, qui comptaient sur la hausse de la valeur de leur bien pour refinancer leur prêt, se sont retrouvés en difficulté, entraînant finalement des pans entiers d'un système financier qui avait prêté à tout-va sans appréhender les risques encourus.

Selon un cercle vicieux, la spirale des prix à la baisse a entraîné de nouvelles défaillances d'emprunteurs, et incité les éventuels acheteurs à la patience, plongeant le marché dans la déprime.

La machine n'a pu être enrayée que par un soutien énorme des autorités. L'État fédéral et la banque centrale ont dépensé des centaines de milliards de dollars pour maintenir en état les rouages du marché et faire baisser les taux d'emprunts pour permettre le retour d'acheteurs sur le marché.

Mais après une amélioration au printemps et à l'automne, l'activité est retombée, victime d'«un marché de l'emploi toujours déprimé», qui pèse sur les décisions d'achat des ménages et, pour les logements neufs, «de la concurrence provoquée par les ventes des biens saisis, à prix très bas», comme le note Thomas Julien, analyste de la banque française Natixis.

Actuellement, la construction de logements (qui représentait près de 5% du PIB en 2005) est quasi inexistante.

L'homme d'affaires Warren Buffet a estimé fin février que c'était une bonne chose, car cela permettait un ajustement de l'offre et de la demande. Pour lui, le marché du logement devrait s'être remis «dans un an environ».

Mais la route est tortueuse. À partir du 1er avril, le marché du logement ve devoir fonctionner sans l'aide du programme gigantesque d'achats de titres sur les marchés par lequel la banque centrale a fait considérablement baisser les taux d'emprunts immobiliers.

«Les marchés financiers se sont améliorés considérablement l'année dernière et j'ai bon espoir que les emprunts resteront très abordables même après» la fin de ce programme, a déclaré mardi Janet Yellen, une des dirigeantes de la Fed.

Alors que les efforts du gouvernement pour aider les propriétaires en détresse tardent à se concrétiser, elle a dit prévoir cependant une montée des retards sur les emprunts immobiliers.

Fin avril, c'est un autre mécanisme essentiel de soutien qui expirera, le crédit d'impôt accordé pour l'achat de tout logement de moins de 800 000$. Mais cette mesure pourrait être prolongée par le Congrès.