L'immobilier résidentiel bat record après record depuis des mois à Montréal, mais la situation est beaucoup moins rose dans les immeubles de bureaux. Le taux d'inoccupation a continué à grimper au début de 2010, pour atteindre presque le double d'avant la récession.

Selon un rapport publié hier par la firme immobilière CB Richard Ellis, le taux de locaux inoccupés a monté à 10,7% dans la métropole au premier trimestre.

Il s'établissait à 5,7% durant les derniers mois de 2008, quand la crise financière mondiale a éclaté, et à 8,8% au trimestre correspondant de l'année dernière.

Pas étonnant, donc, que l'essentiel des grues qu'on voit à Montréal ces jours-ci servent à bâtir des condos plutôt que des immeubles de bureaux. Le marché commercial n'a pas besoin de nouvelles constructions, en somme.

«Les seuls nouveaux pieds carrés qui s'ajoutent au marché montréalais continuent de provenir de la conversion de locaux de bureaux, surtout d'anciens locaux industriels», explique CBRE.

Divers projets de gratte-ciel ont été évoqués depuis cinq ans, mais aucun immeuble significatif n'a été érigé au centre-ville de Montréal pendant cette période, rappelle CBRE.

Le pire serait toutefois passé. «Les conditions devraient s'améliorer pendant les deuxième et troisième trimestres de 2010, alors que plusieurs croient que le pire du ralentissement dans l'immobilier commercial montréalais est derrière nous», selon la firme.

Ailleurs au pays

Le taux d'inoccupation de Montréal se situe maintenant tout juste au-dessus de la moyenne canadienne, qui a atteint 10,1% au premier trimestre, en hausse de 2,6% sur un an. John O'Bryan, vice-président de CBRE, voit tout de même du bon dans les données publiées hier, puisque le taux national a grimpé de seulement 20 points de base trimestre sur trimestre.

«Attendez-vous à voir une reprise progressive en 2010, a-t-il déclaré. À part quelques exceptions notables, la majorité des marchés du Canada semblent avoir passé le pire.»

La reprise de l'emploi et de l'activité locative dans les immeubles de bureaux est un «changement bienvenu» par rapport aux conditions difficiles de 2009, a ajouté M. O'Bryan.

De toutes les grandes villes du pays, Calgary remporte la palme du taux d'inoccupation le plus élevé, en raison des difficultés de son industrie gazière. Il a grimpé de 7% depuis un an, pour atteindre 14,9% au premier trimestre. L'ajout de deux nouvelles tours l'an prochain au centre-ville contribuera à le maintenir élevé, indique CBRE.

À l'opposé, le marché locatif commercial demeure très serré à Ottawa, avec un taux de 5,4% en faible progression. Toronto a de son côté continué à perdre quelques plumes, comme en témoigne son taux de 9,6%, en hausse de 1,9%. Plus à l'ouest, Vancouver a vu sa quantité de locaux vacants grimper de 3% en un an, à 10,2%.

Une seule grande ville a vu son taux d'inoccupation baisser au premier trimestre, soit Halifax. Il a reculé de 0,2%, à 9,4%, grâce à l'économie très diversifiée de l'agglomération selon CBRE.

Si le marché locatif commercial doit rebondir en 2010, la construction ne reprendra pas de sitôt dans ce secteur. Le Conference Board estime que les profits des entreprises de cette industrie chuteront de 19% cette année, à 918 millions de dollars.

«La reprise en construction non résidentielle sera lente à se matérialiser», a indiqué hier dans un rapport Michael Burt, directeur associé, Tendances économiques industrielles, au Conference Board. Les profits des entreprises de ce secteur ne retrouveront pas leur niveau prérécession avant 2014, a-t-il ajouté.

Les investissements en construction non résidentielle reculeront de 2,3% cette année au pays, prévoit en outre le Conference Board. La hausse des investissements publics - par exemple dans l'érection d'écoles et d'hôpitaux - ne suffira pas à compenser le recul dans les secteurs commercial et industriel.