Le débat autour de l'ouverture du système MLS au grand public suscite de vives réactions chez les agents immobiliers.

«Pourquoi donc 18 000 agents du Québec devraient-ils donner gratuitement à leurs clients un outil qu'ils ont développé depuis des lunes à grands frais? » demande Jean-Pierre Breton, du Groupe Sutton en Estrie.

Les agents font valoir que leur expertise permet souvent de maximiser le prix obtenu pour une propriété. «Parfois, je réalise à quel point le métier d'agent immobilier est sous-estimé au Québec», déplore François Baron, de l'agence La Capitale.

La question est plus épineuse que jamais, avec le dépôt d'une poursuite par le Bureau de la concurrence contre l'Association canadienne de l'immeuble pour «pratiques anticoncurrentielles». L'organisme réclame la fin du «monopole» des agents sur le système MLS. Plusieurs se sentent piqués au vif.

Thierry Gosseau, de Re/Max à Montréal, reconnaît malgré tout que certains agents font mal leur boulot, entachant ainsi l'image de toute la profession. Il souhaiterait voir son association professionnelle -l'ACAIQ- adopter des sanctions contre les fautifs.

«Si un agent écrit ses descriptions dans un français dégueulasse, ou prend des photos qui n'ont aucun sens avec une petite caméra achetée chez Jean Coutu, l'Association pourrait lui dire: la prochaine fois, tu es suspendu pour deux semaines», propose M. Gosseau.

Trop d'agents?

Le nombre d'agents et de courtiers a connu une progression impressionnante ces dernières années. Seulement au Québec, ils sont passés de 13 700 en 2005 à plus de 18 000 aujourd'hui, selon les données de l'ACAIQ. L'accès à la profession est «beaucoup trop facile», croit George Bardagi, de Re/Max du Cartier.

Les choses pourraient bientôt changer. La nouvelle Loi sur le courtage immobilier, adoptée en 2008, doit entrer en vigueur cette année au Québec.

La nouvelle législation rendra notamment plus ardus les examens pour l'obtention d'une licence, qui testeront désormais les compétences. Finie l'époque du «par coeur», nous indique une source du milieu.

Le nombre minimum d'heures de cours passera par ailleurs de 240 aujourd'hui à environ 500.