L'investisseur new-yorkais James Chanos, célèbre pour avoir fait des milliards en prévoyant la chute d'Enron et la bulle immobilière américaine, affirme que le secteur immobilier chinois est en surchauffe.

Chanos dit qu'une crise dans la construction en Chine entraînera un effondrement de la demande en matériaux et en ressources, ce qui pourrait nuire au Canada.

Dans une récente allocution à l'Université d'Oxford, en Angleterre, Chanos a signalé qu'il entendait miser contre les entreprises qui fournissent des ressources naturelles à la Chine. Selon lui, la Chine a beaucoup trop construit ces dernières années, si bien que les espaces commerciaux vacants se comptent en milliards de pieds carrés.

«Le problème avec le Brésil et le Chili, et dans une moindre mesure le Canada et l'Australie, c'est qu'ils vendent massivement à la Chine, a dit Chanos. Leur économie est basée sur l'extraction des ressources. Ils nourrissent l'appétit incroyable de la Chine.»

Sa crainte, c'est que ces pays fassent les frais d'une éventuelle crise.

«Nous regardons les sociétés minières dans ces pays, des sociétés qui vendent parfois 70% ou 80% de leur minerai à la Chine, comme du cuivre, par exemple. Ce sont les entreprises qui nous préoccupent.»

Des failles dans le système

Depuis le début de 2009, James Chanos est devenu un critique sévère du miracle chinois.

Il n'affirme pas que l'économie chinoise est sur le point de s'écrouler, mais il est convaincu de la présence d'une bulle immobilière. «Nos recherches nous montrent que cette bulle est monumentale, et qu'un atterrissage en douceur sera très difficile.»

Selon ses calculs, pas moins de 30 milliards de pieds carrés d'espace commercial sont en construction actuellement en Chine, résultat du prêt de 1400 milliards autorisé l'an dernier par le gouvernement pour la construction.

Et 50% des locaux commerciaux déjà construits sont inoccupés, souligne-t-il.

Selon Chanos, le gouvernement autoritaire chinois ne révèle pas au monde les vraies données sur la santé économique du pays. Il cite en exemple la façon peu orthodoxe qu'utilise la Chine pour calculer son produit intérieur brut (PIB).

«En Chine, le PIB est fixé, en début d'année, par le gouvernement. C'est une cible à atteindre. Et, comme par magie, il l'atteint toujours. Depuis des années.»

L'investisseur croit que les données réelles sont beaucoup moins rayonnantes que les chiffres dévoilés par Pékin. Et il s'étonne de l'enthousiasme de ses collègues pour une économie entièrement dirigée par le gouvernement.

«En Occident, on est habituellement très sceptiques face à l'intervention du gouvernement dans le marché. On trouve cela inefficace, coûteux, et même dangereux. Pourtant, quand on parle de la Chine, on semble croire que neuf hommes autour d'une table peuvent avoir toujours raison. Je suis prêt à parier que ce n'est pas le cas.»

Ses prévisions alarmistes ont été critiquées ces derniers temps, dans les pages du New York Times et du Wall Street Journal.

«Je prends les critiques avec un grain de sel, a dit Chanos. Bien des gens ont misé gros sur la Chine... Je me suis fait critiquer quand j'ai parlé d'une crise immobilière aux États-Unis, et même de la débâcle d'Enron. J'ai l'habitude.»