La situation de l'immobilier est toujours catastrophique aux États-Unis, où un propriétaire sur quatre paie désormais une dette hypothécaire plus élevée que la valeur marchande de sa maison.

Certains États sont plus touchés que d'autres. Au Nevada, par exemple, les deux tiers des propriétaires sont « sous l'eau », selon le jargon immobilier utilisé pour décrire une telle situation. Parallèlement, les prix se stabilisent dans certains grands centres urbains comme Dallas, Los Angeles, San Francisco et Portland.

Sur le plan national, c'est 10,7 millions de foyers qui sont désormais aux prises avec des hypothèques «sous l'eau». Et, selon les analystes de la Deutsche Bank, ce ne serait qu'un début : la banque projette que près de la moitié des propriétaires devront rembourser une hypothèque plus élevée que la valeur de leur maison d'ici la fin de 2011.

Cette tendance va exacerber le problème de reprises bancaires (foreclosures), selon les analystes.

«Avec le nombre de propriétés en détresse, nous prévoyons que les reprises bancaires vont augmenter lorsque les gens se retrouveront dans l'incapacité de payer, a signalé jeudi Celia Chen, directrice senior chez Moody's. Cette situation aura pour effet de faire chuter à nouveau le prix des maisons.»

Certains profitent déjà des bas prix et des taux avantageux pour faire leur premier achat. C'est le cas de Brett Scola, coiffeur à Los Angeles, qui a récemment acheté avec sa femme une maison près de Pasadena à un taux fixe de 5,25% sur 30 ans.

«La pression pour que nous prenions une hypothèque à taux variable était très forte, dit-il. La banque voulait même nous prêter plus d'argent, en nous disant d'en profiter pour «d'aller faire un voyage à Las Vegas». On a dit non. On n'est pas fous. On lit les journaux.»

Contrairement à la pratique en cours au Canada, les Américains peuvent signer une entente à un taux qui restera fixe durant toute la durée de l'hypothèque, soit 25 ans ou plus.

En décembre 2009, la vente de maisons neuves aux États-Unis a chuté de 8,6% par rapport au même mois l'année précédente, selon le Département du commerce. Le prix médian d'une maison neuve a aussi baissé de 4%, passant de 229 600$ à 221 300$ en un an.

Chute à venir

L'étude de la Deutsche Bank prévoit que 41% des propriétaires seront sous l'eau en 2011. Les prêts importants (Jumbo loans), généralement utilisés pour l'achat des maisons luxueuses, seront plus touchés encore : 46% d'entre eux seront sous l'eau, selon la Deutsche Bank. Les prêts importants représentent 13% des prêts accordés par les banques américaines.

Les régions les plus touchées par la baisse de la valeur des maisons sont l'Arizona, la Californie, la Floride, le Massachusetts et l'Illinois.

La dévaluation des habitations est pénible pour les propriétaires, qui voient aujourd'hui de nouveaux voisins emménager dans des maisons achetées à bien meilleur prix, et dont les paiements mensuels sont moins élevés. La situation risque d'empirer lorsque les taux d'intérêt historiquement bas commenceront à grimper, sans doute avant la fin de l'année en cours.

Le New York Times a récemment analysé la situation ainsi : «Une famille qui a acheté une maison à 600 000$ en 2006 doit aujourd'hui rembourser la majorité de ce montant, même si la valeur de la maison a chuté à 300 000$. Louer une maison semblable serait bien moins coûteux, permettant à la famille d'économiser des milliers de dollars annuellement, et des centaines de milliers de dollars au bout d'une décennie.»

Les propriétaires ont plusieurs choix : essayer de renégocier leur hypothèque, continuer à payer, ou encore quitter la maison en laissant tout investissement initial derrière, une option qui ruine la cote de crédit des ex-proprios. Placer la maison en vente n'est bien souvent pas une option : le marché a tellement baissé que le montant de la revente ne couvre pas l'hypothèque.

Selon la firme J.P Morgan Chase, les prix des maisons devraient continuer à chuter cette année aux États-Unis, pour atteindre le fond de la courbe en 2011.