Les retards de paiement d'emprunteurs dans l'immobilier commercial aux États-Unis ont brusquement augmenté et atteint un record au deuxième trimestre, selon des chiffres publiés mercredi par l'Association des banquiers hypothécaires (MBA).

«Entre les premier et deuxième trimestres, les retards de paiement de plus de 30 jours sur des prêts contenus dans des titres adossés à des prêts hypothécaires commerciaux a augmenté de 2,04 points à 3,89%», a indiqué la MBA.

C'est, et de très loin, le taux le plus élevé depuis que la MBA publie ces chiffres, c'est-à-dire depuis 1996. Ceux-ci compilent l'immobilier de bureaux, de commerce, d'industrie, et l'immobilier résidentiel collectif commercialisé par des promoteurs.

Ce secteur de l'immobilier commercial, en plein marasme, et dont les perspectives paraissent moins bonne que celles de l'immobilier résidentiel, est l'un de ceux qui sont vus comme une menace à la reprise économique aux États-Unis.

Selon l'agence d'évaluation financière Moody's, l'immobilier commercial est «d'habitude l'un des derniers secteurs à entrer dans la récession et à en sortir».

Moody's a publié mercredi une étude où il s'est montré pessimiste quant aux perspectives de reprise du marché de la titrisation aux Etats-Unis, un rouage essentiel du système financier.

Les perspectives sont les pires dans les titres adossés à des prêts pour l'immobilier d'entreprise, marché où «les défauts de paiement, la valeur des biens et d'autres mesures de performance sous-jacente se sont considérablement détériorés». Pour ces titres, Moody's prévoit des difficultés «en 2010 et 2011».

La titrisation est une technique qui consiste à transformer des créances en actifs financiers revendus à des investisseurs, permettant de répartir les risques du crédit sur le marché.

La facilité à vendre ces actifs lors des années d'explosion du crédit qui ont mené à la crise financière est considérée comme l'une des origines d'une prise de risque excessive, qui avait amené les banques à prêter à des emprunteurs non fiables.

Ce marché, qui s'est effondré à l'automne 2008, ne renaît que très lentement depuis, forçant les institutions financières à porter des crédits qu'elles voudraient éventuellement revendre.

«Les mauvaises performances vont se poursuivre dans la titrisation adossée à des prêts aux consommateurs malgré la croissance du PIB, parce que le niveau du chômage et des prix de l'immobilier vont continuer à se détériorer pendant une bonne partie de l'année 2010», a indiqué l'agence dans cette étude.

Pour les titres adossés aux prêts immobiliers aux ménages, «la performance devrait aussi continuer à se détériorer en 2010, les prix des logements poursuivant leur baisse». Moody's «ne prévoit pas que la demande des investisseurs soit un facteur de reprise sur ce marché pendant encore 12 à 18 mois».

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