Le projet de conversion de l'ancien aéroport de Mirabel en un vaste complexe récréo-touristique bat sérieusement de l'aile.

Dévoilé en grande pompe en février 2006, le complexe 100000 m2 devait réunir un aquarium géant où les visiteurs auraient pu circuler à l'intérieur de tunnels en acrylique, une plage intérieure aux allures tropicales, un spa, des salles de cinéma et même des dômes dotés d'écrans sphériques permettant de projeter les spectateurs dans un univers de planètes lointaines.

Les premières phases de développement de Rêveport représentaient des investissements de 300 millions de dollars. Aéroports de Montréal (ADM) avait confié cet ambitieux projet au consortium français I.Parks-Oger International.

 

Le parc devait ouvrir ses portes en 2008. Mais il n'a jamais dépassé l'étape des plans et des analyses de marché.

Le montage financier a été sévèrement ébranlé par la crise du crédit l'an dernier. «Les promoteurs ont eu des problèmes reliés à leur financement. C'était suffisamment important pour mettre le projet en péril», a confié à La Presse Affaires Christiane Beaulieu, vice-présidente aux affaires publiques chez ADM.

ADM entretient encore des discussions avec le consortium, mais avec très peu d'optimisme. «Ça ne s'annonce pas très positif. On devrait être fixé définitivement d'ici quelques semaines. On va commencer à regarder d'autres solutions», avoue Mme Beaulieu.

Pour l'instant, aucun autre promoteur n'a manifesté son intérêt pour convertir l'ancienne aérogare ou l'hôtel adjacent Château Mirabel.

Est-ce que Guy Drouin, président du Village vacances Valcartier, serait intéressé par l'aventure? «Non!» a répondu à La Presse Affaires celui qui achève la construction du plus vaste parc aquatique au pays. Pour lui, le projet de Rêveport relève de l'utopie. Jamais il ne se mouillerait dans la conversion d'un bâtiment existant, avec tous les handicaps que cela comporte.

«La meilleure vocation pour Mirabel demeure une aérogare pour les passagers», considère le maire de Mirabel, Hubert Meilleur, qui n'a eu vent d'aucun autre projet conversion pour le bâtiment désaffecté.

Stagnation à Lac-Mirabel

La crise du crédit a aussi asséché le financement du projet de Lac-Mirabel, un autre complexe d'envergure aux abords de l'autoroute des Laurentides, au sud de l'usine de Bell Helicopter.

Au départ, le projet de 450 millions devait renfermer un centre d'achats, un lac artificiel, une marina, un centre récréotouristique, des manèges et même un aquarium qui devait être le plus vaste du genre au Canada. Mais ce dernier volet avait été abonné pour ne pas entrer en concurrence avec Rêveport.

Pour l'instant, rien n'est sorti de terre. Si la crise du crédit n'avait pas eu lieu et que la construction de la première phase avait débuté en septembre 2008 comme prévu, les travaux de construction du centre d'achats seraient exécutés à 60%, avance le maire de Mirabel.

Environ 60% des espaces commerciaux du futur centre d'achats étaient loués. Mais les banques qui accordent les prêts hypothécaires sont devenues plus frileuses: elles exigent un taux de location plus élevé.

«Il y a des rencontres et des discussions régulièrement. Je suis certain que ça va finir par prendre forme. Mais peut-être pas sur le même modèle qu'on nous avait présenté. C'est toujours un projet qui va se rapprocher du milliard sur 10 ans», affirme M. Meilleur.

Les promoteurs de Lac-Mirabel ont déjà investi 90 millions de dollars, incluant 43 millions pour l'achat du terrain. Ils ont procédé à la préparation du terrain et au déplacement d'une ligne d'Hydro-Québec.

De plus, 15 millions ont été investis par Mirabel, Blainville et Transports Québec pour la reconfiguration de l'échangeur de l'autoroute 15 à proximité du projet. Les travaux doivent être terminés d'ici deux semaines.