Cet été, William Prickett espérait donner un coup de jeunesse à son chalet de Val-Morin, dans les Laurentides. Sa liste était longue: rénover les boiseries, refaire le terrassement, repeindre les murs extérieurs, puis réaménager la rive du lac.

Mais, crise économique oblige, cet agent immobilier s'est résolu à remettre ces travaux à plus tard.

«Pourtant, ce n'est pas le temps libre qui me manque! a confié M. Prickett, rencontré hier matin au Home Depot du quartier La Petite-Patrie, à Montréal. Présentement, c'est mort au bureau. Mais justement, côté business, c'est zéro. Je préfère donc mettre de l'argent de côté.»

 

En ces temps de récession économique, plusieurs propriétaires ont modéré leurs ardeurs de rénovation. Si les gens continuent d'effectuer les travaux essentiels, plusieurs ont choisi, par souci d'économie, de repousser les rénovations coûteuses en attendant la relance.

André Malenfant est du nombre. Cet ingénieur aimerait bien installer un drain français dans son cottage du quartier Rosemont, mais ces travaux impliqueraient des sommes considérables. Il préfère garder cet argentcomme coussin si jamais il perdait son emploi.

«Ces temps-ci, on préfère ne pas se payer de luxe», a résumé M. Malenfant, rencontré devant le Rona du quartier Rosemont.

Toutefois, la crise économique l'incite, de façon indirecte, à faire des travaux moins onéreux, a-t-il souligné. André Malenfant entend bénéficier des crédits d'impôt pour la rénovation offerts cette année par les gouvernements provincial et fédéral. En janvier, les deux ordres de gouvernement ont annoncé des allégements fiscaux aux propriétaires afin de stimuler l'économie.

«Je vais en profiter pour me doter d'un système biénergie, a dit M. Malenfant. En plus, ça me permettra de faire des économies...»

De son côté, Pierre-Hugues Marsolais, qui vient d'emménager dans un appartement du quartier Villeray, a décidé de repeindre seulement deux pièces. Au lieu de s'équiper en neuf, ce cuisinier a opté pour des meubles et accessoires d'occasion, toujours par souci d'économie.

D'autres propriétaires, moins affectés par la crise économique, n'ont rien changé à leurs habitudes de rénovation.

C'est le cas de Sébastien Martin, résidant du quartier La Petite-Patrie. Rencontré à la sortie du Home Depot, il venait d'acheter le matériel nécessaire pour rénover la chambre du bébé.

«On ne se prive pas, au contraire, a-t-il dit. J'ai l'impression que les prix se sont stabilisés à cause de la récession. Et j'en profite.»

Louis Paré, un propriétaire qui rénove ses propres immeubles, a pour sa part souligné qu'il y aura toujours des travaux à faire, peu importe la vigueur de l'économie mondiale.

«Les maisons ne rajeunissent pas, récession ou non!» a-t-il conclu.