Les assises d'une reprise de la construction résidentielle paraissent bien solides avec l'augmentation marquée des mises en chantier pour le deuxième mois d'affilée en juin.

D'un océan à l'autre, elles ont atteint 140 700 logements sur une base annualisée désaisonnalisée, soit 10 000 de plus que ce à quoi s'attendaient les experts. La Société canadienne d'hypothèques et de logement a aussi annoncé hier la révision à la hausse de son chiffre de mai à 130 300 logements, ce qui représente une appréciation notable par rapport au creux de 121 400 en avril.

 

L'augmentation de 14% des permis de bâtir en mai annoncée plus tôt cette semaine par Statistique Canada présage d'une belle activité en juillet, même si le Québec sera touché par les vacances des travailleurs du bâtiment à l'oeuvre sur les chantiers d'importance, comme ceux des logements multiples.

«L'augmentation de ce mois est une confirmation importante de ce que le secteur immobilier résidentiel canadien a passé le pire et est en mode de reprise», affirme Marco Lettieri, économiste à la Financière Banque Nationale.

«C'est une preuve de plus que l'économie canadienne a certainement vécu le pire de ce à quoi on pouvait s'attendre comme contraction de l'investissement résidentiel», renchérit Pascal Gauthier, économiste chez Banque TD Groupe financier. L'institution torontoise prédit de 150 000 à 160 000 mises en chantier cette année.

On estime à 175 000 l'augmentation annuelle du nombre de ménages au pays. Cela correspond aux fondations nouvelles dans un marché équilibré.

«On prévoit que le rythme de construction résidentielle s'améliorera tout au long de 2009 et au cours des années suivantes de façon à correspondre de plus en plus à la demande associée à la conjoncture démographique», indique l'organisme fédéral.

Cela mérite d'être mis en perspective. Il y a un an, l'industrie tournait au rythme de 212 000 coulées de fondations en rythme annuel, un chiffre qui reflète une surchauffe et qu'on ne reverra pas de sitôt.

La hausse en juin est observée dans sept provinces sur 10 et concentrée dans les provinces à l'ouest du Québec, plus touchées par la correction amorcée l'automne dernier.

Le Québec essuie le recul provincial le plus important (un repli de 2200 logements), mais maintient son rythme annuel au-dessus des 40 000 logements pour le troisième mois d'affilée. «Comme l'affaiblissement de la construction neuve provoqué par la récession a été beaucoup moins important au Québec qu'ailleurs au pays, le faible repli observé en juin peut également être associé à une période de stabilisation», suggère Hélène Bégin, économiste senior chez Desjardins.

En données réelles, le Québec enregistre 15 837 mises en chantier de janvier à juin, soit une baisse de 22% par rapport au premier semestre de 2008. Desjardins a récemment porté à 40 000 sa prévision annuelle. Pour qu'elle se concrétise, les mises en chantier devront s'accélérer au cours du second semestre.

La barre n'est pas si haute. En juin 2008, le Québec voguait au rythme annuel de 46 300 logements. Son rythme moyen des 12 derniers mois est de 44 600 logements, ce qui illustre bien la relative stabilité du marché.

À l'opposé, l'Ontario a connu une hausse de mai à juin des mises en chantier à hauteur de 45 600 logements, ce qui est beaucoup plus que son creux 37 200 en avril. En juin 2008, la province voisine carburait cependant à 81 900 logements en rythme annuel.

Dans l'agglomération montréalaise, plus touchée par la récession que plusieurs régions québécoises, le repli après six mois est plus marqué à hauteur de 26%, voire de 40% sur l'île même. «Dans un contexte économique marqué par un recul du nombre d'emplois, conjugué la une concurrence accrue du marché de la revente en raison d'une augmentation de l'offre, la demande d'habitations neuves est moins forte», souligne Stéphane Duguay, analyste de marché à la SCHL.

Le marché de la revente revient par ailleurs à une situation d'équilibre. Les prix devraient continuer de s'apprécier modestement, selon une analyse publiée plus tôt cette semaine par la firme de courtage immobilier Royal LePage.