Une crise immobilière? Quelle crise immobilière? Le prix des maisons dans la région de Montréal continue d'augmenter, le nombre de transactions est à la hausse et un nombre grandissant de Québécois ont les moyens d'acheter.

Selon les données de la chambre immobilière du Grand Montréal, le prix médian des maisons unifamiliales était de 240 000$ le mois dernier. Il s'agit d'une hausse de 4% par rapport à juin 2008. Le prix médian des plex est aussi en hausse à 355 500$ («5%), tandis que le marché des condos fait du surplace avec un prix médian de 198 000$ (0%).

Le prix des maisons n'a pas seulement augmenté sur une base annuelle. Il est aussi en hausse sur une base mensuelle: 1% pour les unifamiliales, 3% pour les condos et 2% pour les plex par rapport à mai 2009. Ces chiffres comprennent les transactions complétées autant dans l'île de Montréal qu'en banlieue (Laval, couronne nord, Rive-Sud et Vaudreuil-Soulanges). «Nous savions que le marché immobilier allait bien, dit Michel Beauséjour, chef de la direction de la chambre immobilière du Grand Montréal. La dernière baisse a eu lieu en 1995 et elle n'était que de 4%.»

Michel Beauséjour a plusieurs raisons de se réjouir ces temps-ci. Non seulement ses agents ne doivent pas affronter un marché baissier, mais les hausses restent de plus modestes. Un scénario idéal pour le grand patron de la chambre immobilière du Grand Montréal. «Avec des hausses de 12 ou 13%, je serais nerveux, dit-il. La pire chose que puisse subir le marché immobilier, c'est une bulle spéculative. Une hausse annuelle de 2% à 4%, ça se prend bien. Ça ne réduit pas l'accessibilité à la propriété et ça rend les vendeurs plus raisonnables.»

Une étude de la Banque Royale confirme les hausses de prix depuis le début de l'année n'ont pas réduit la capacité des Québécois de s'acheter une maison. Bien au contraire. Selon l'étude publiée hier, les Québécois consacrent une moins grande partie de leur revenu disponible à leurs paiements hypothécaires. Au premier trimestre de 2009 (janvier à mars), la proportion est passée de 35% à 32% chez les propriétaires d'unifamiliales, de 30% à 27% pour les propriétaires de maisons en rangée, 29% à 27% pour les propriétaires de condos et 42% à 38% pour les maisons à deux étages.

Comment le prix des maisons et l'accessibilité à la propriété peuvent-ils augmenter en même temps? L'économiste Robert Hogue a résolu l'énigme: les taux d'intérêt sont maintenus à un plancher historique par la Banque du Canada. «La hausse de la capacité d'acheter une maison est davantage attribuable à la baisse des taux hypothécaires qu'à la variation du prix des maisons», dit l'économiste à la Banque Royale

Selon la Banque Royale, Montréal est la deuxième métropole canadienne où les paiements hypothécaires grugent le moins le revenu disponible. Les résidants de la région de Montréal consacrent en moyenne 36% de leur revenu disponible à leur maison, comparativement à 35,1% à Calgary, 39,1% à Ottawa, 45,9% à Toronto et 62,6% à Vancouver.

L'économiste Robert Hogue relativise aussi les hausses de prix annoncées par la chambre immobilière du Grand Montréal, qui ne calcule que les transactions réalisées par l'entremise d'agents immobiliers. Ces transactions, répertoriées dans le réseau MLS, représentent 85% de toutes les transactions immobilières. «Ces chiffres ne comparent pas les mêmes propriétés d'année en année, ils comparent seulement les propriétés vendues», dit-il. Selon lui, cette méthode surévaluerait légèrement le marché immobilier.

Chose certaine, les agents immobiliers sont plus occupés. Le nombre des transactions par l'entremise d'un agent est en hausse pour le deuxième mois consécutif dans la région de Montréal, cette fois-ci de 14%.

Pour l'ensemble de l'année 2009, le nombre de transactions est toujours en baisse de 9% en raison d'un début d'année désastreux. En janvier 2009, les agents immobiliers ont enregistré 37% moins de transactions qu'en janvier 2008. «On sentait la crise en janvier et février, mais les nouveaux acheteurs ont fait reprendre le marché en achetant des propriétés abordables, dit Dominic St-Pierre, directeur de l'agence immobilière Royal LePage au Québec. En mai et en juin, le marché a repris véritablement, comme à la belle époque de 2004-2007. Il y a peut-être moins d'offres multiples et de surenchère, mais c'est un marché exceptionnel.»