Pour le troisième mois d'affilée, la valeur des permis de construction résidentielle était en hausse au Québec, en mai. Le nombre d'autorisations de bâtir délivrées par les municipalités québécoises était aussi en augmentation, ce qui présage d'un regain d'activité au cours de l'été et de prix abordables.

On saura demain si les données annoncées hier par Statistique Canada se sont concrétisées en mises en chantier le mois dernier. Il existe un délai d'un à trois mois entre l'émission d'un permis par une municipalité et la coulée d'une fondation.

Chose certaine, les bétonnières ont travaillé davantage pour le troisième mois d'affilée en mai. Les mises en chantier ont même franchi la barre des 40 000 logements sur une base annualisée en mars, avril et mai, après un net ralentissement en janvier et février.

«Ce seuil de résistance, même au plus fort de la récession, justifie de relever légèrement notre cible pour l'année en cours de 38 000 à 40 000 nouveaux logements», note Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins.

Cela dit, ce nombre représente une baisse de 16,5% par rapport à l'an dernier, ce qui reste néanmoins beaucoup mieux qu'ailleurs au pays.

L'indice précurseur Desjardins affichait d'ailleurs une hausse de 1,1% en mai. Cette deuxième augmentation d'affilée pourrait présager d'une reprise de l'ensemble de l'économie d'ici la fin de l'année, s'il continue de progresser cet été.

La valeur des permis résidentiels a augmenté de 3,3%, d'avril à mai. Fait des plus intéressants, cela reflète moins une hausse de prix qu'une augmentation de 3,2% du nombre d'autorisations. Fait plus étonnant encore, l'augmentation est concentrée dans les maisons unifamiliales, un secteur beaucoup moins volatil de mois en mois que le logement multiple. On observe plutôt la tendance opposée dans le reste du Canada.

Dans l'agglomération métropolitaine, la hausse de la valeur des permis est de 3%, mais le nombre de logements à construire recule de 6,9%. L'explication vient de la diminution de permis pour logements multiples, car ceux d'unifamiliales sont en hausse. Bref, c'est surtout en banlieue où l'activité devrait s'intensifier.

Cela dit, l'activité immobilière reste forte même dans l'île de Montréal, au point où la firme Royal LePage prévoit une légère augmentation des prix, tant sur le marché de la maison neuve que celui de la revente.

La firme de services immobiliers prévoit une augmentation de 2,1% du prix moyen des maisons à Montréal, à hauteur de 263 500$. Elle attribue par ailleurs la baisse de 4,6% du nombre de transactions par rapport à 2008 au très lent premier trimestre.

«Aujourd'hui, le marché est plus équilibré, c'est-à-dire que l'offre et la demande sont plus pondérées, selon Dominic St-Pierre, directeur des services immobiliers de Royal LePage. Nous anticipons une situation avantageuse pour les vendeurs ainsi que pour les acheteurs pour la deuxième moitié de 2009.»

Le bâtiment ne se limite pas au secteur résidentiel, comme chacun sait. À l'échelle commerciale, industrielle et institutionnelle, la valeur des permis était en hausse modeste de 2,3% à l'échelle provinciale, mais de 6,7% dans la métropole. Cette composante des permis de bâtir est toutefois très volatile de mois en mois, la valeur d'un seul permis pesant souvent très lourd.

Ainsi, dans la composante institutionnelle, on a observé des augmentations spectaculaires causées par le lancement prochain de nouveaux chantiers dans les secteurs de la santé et de l'éducation en Ontario et en Alberta. «C'est la preuve de l'entrée en jeu des stimuli économiques des gouvernements», explique Chairmaine Buskas, économiste principal chez TD Valeurs mobilières.

On peut la percevoir aussi par le bond de 20% de l'indice Ivey qui mesure les intentions des décideurs d'achat de biens industriels. Seule la composante stocks était à la baisse, ce qui suggère une relance prochaine de la production industrielle, ne serait-ce que pour approvisionner les grands chantiers de l'État.

Au Québec, l'augmentation de la valeur des permis institutionnels s'élève à 7,6%, à hauteur de 86,2 millions de dollars. C'est moins du quart de la valeur des permis non résidentiels (409,4 millions), la part du lion allant au secteur commercial avec plus de la moitié. Le secteur industriel a connu quant à lui une solide hausse.

À l'échelle canadienne, la valeur des permis a franchi la barre des 5 milliards pour la première fois depuis octobre, grâce à des bonds de plus de 10% dans les composantes résidentielle et non résidentielle. Les baisses dans les provinces atlantiques ont été plus que compensées par les bonds en Ontario et en Alberta.