L'économie est encore très fragile, mais le secteur immobilier montre des signes encourageants, du moins au Québec. Au premier trimestre de 2009, le nombre de maisons reprises par les banques a ainsi reculé pour la première fois depuis deux ans.

Selon la firme JLR recherches immobilières, 512 propriétés ont été saisies par les banques ou délaissées volontairement par leurs propriétaires au cours du premier trimestre de 2009. Il s'agit d'un recul de 23% par rapport au dernier trimestre de 2008.

 

Depuis deux ans, le nombre de maisons reprises avait constamment progressé au Québec, passant de 373 au dernier trimestre de 2006 à 662 au dernier trimestre de 2008. Janvier 2009 a été passablement actif, avec 223 reprises, mais les mois de février et mars ont vu le nombre de délaissements reculer à 148 et 141 respectivement.

Ce recensement de JLR vise tous les condos, maisons unifamiliales et plex recensés dans les 73 bureaux fonciers du Québec.

S'agit-il d'une tendance durable? «Il est difficile d'expliquer la baisse. Le prix des maisons se maintient et il est possible qu'avec la baisse des taux d'intérêt, certains réussissent à vendre leur maison avant d'être saisis», dit Thierry Baulu, analyste chez JLR.

Les taux d'intérêt hypothécaires ont effectivement atteint des creux historiques. Depuis deux ans, le taux hypothécaire d'un an a baissé de près de trois points de pourcentage, si bien qu'il est aujourd'hui possible d'obtenir un taux de 3,25% pour cette échéance. Pour le terme de cinq ans, le meilleur taux en ville de 4,05%.

La baisse des taux d'intérêt a deux effets favorables, croit M. Baulu. D'abord, pour les proprios mal pris, il est plus facile de restructurer leurs emprunts hypothécaires et de réduire leurs charges. Ensuite, la baisse des taux favorise le marché de la revente.

Le phénomène de baisse est particulièrement frappant en Montérégie, une région d'entrepreneurs qui avait été frappée par la hausse du dollar et la chute des exportations. Dans cette région, seulement 27 et 24 maisons ont été reprises en février et mars, un recul par rapport aux 55 et 57 de décembre et janvier. Le recul est également marqué en Outaouais et à Montréal (8 et 10 saisies en mars, respectivement, contre 19 et 16 en janvier).

La partie est encore loin d'être gagnée, cependant. Les préavis de saisies continuent d'être en hausse au Québec. Il s'agit des avis transmis par les institutions financières aux propriétaires qui sont en défaut de payer depuis trois mois. Cet avis leur donne 60 jours pour régulariser la situation, sans quoi leur maison sera saisie.

Au premier trimestre de 2009, 2061 avis de 60 jours ont été envoyés, soit une hausse de 8% sur le trimestre précédent. Au dernier trimestre de 2006, quand l'économie roulait à plein régime, 1294 avis avaient été transmis aux proprios.

Le Québec ne se compare en rien aux États-Unis, néanmoins. Dans certaines régions comme Miami, Los Angeles et Las Vegas, les prix sont en baisse de quelque 30% depuis leur sommet, selon The Wall Street Journal. À Boston, les prix ont reculé de 14,8% depuis le sommet de septembre 2003.

Les prix sont à ce point déprimés que pour un ménage américain sur six, le prêt hypothécaire est supérieur à la valeur de la maison. Ce phénomène touche plus précisément 12 millions de propriétaires sur les 75 millions de ménages que comptent les États-Unis. Pire: pour les familles qui ont acheté leur maison il y a cinq ans ou moins, la proportion dont la maison vaut moins que l'hypothèque est de 30%. Bref, quand on se compare...