Le monde immobilier est toujours heurté par le ralentissement économique et en voici une autre preuve: les mises en chantier d'habitations ont fondu de 20% au Québec en février.

En effet, la Société canadienne d'hypothèque et de logement (SCHL) indique ce matin que dans les centres urbains québécois, 29 100 logements ont commencé à lever de terre le mois dernier, contre 36 200 en janvier. Il s'agit là des données désaisonnalisées et annualisées.

Le recul de 20% est bien pire que celui constaté dans l'ensemble du Canada, car les mises en chantier ont baissé de 12,3% pour s'élever à 134 600 à l'échelle nationale. Moindre qu'au Québec, le recul pancanadien déçoit quand même car les analystes tablaient sur 145 000 mises en chantier. Février a aussi marqué le plus faible rythme en 8 ans pour les nouvelles constructions.

Les données démontrent surtout une grande disparité entre les régions de la province.

Les régions de Montréal, Trois-Rivières et Saguenay connaissent des reculs respectifs de 63%, 49% et 86%. À l'opposé, Gatineau profite d'une augmentation de plus de 100%, Québec de 40% et Sherbrooke de 13%.

Des contrastes sont aussi notables selon le type d'habitation. En février, les baisses respectives sont de 41% et 51% pour les maisons individuelles et les logements collectifs. En janvier, c'était l'inverse avec des diminutions de 25% et 9%.

Une correction nécessaire ?

La SCHL estime que les récentes données sur la revente permettaient déjà de prédire une importante baisse. Par exemple, la revente a chuté de 27% dans la province tandis que les inscriptions ont grimpé de 12%.

«L'importante régression du nombre de logements vendus au cours des derniers mois traduit bien le contexte actuel, dit Kevin Hughes, économiste régional à la SCHL. Le recul des mises en chantier n'est donc guère surprenant.»

Aussi, la correction était nécessaire à son avis car «le niveau d'activité enregistré en février 2008, qui est historiquement élevé, a contribué à l'ampleur du recul observé au même mois cette année.»

Selon Robert Kavcic, économiste du courtier BMO Marchés des capitaux, «la correction de l'immobilier bat son plein avec les mises en chantier sous le taux de formation des ménages, contrebalançant la surconstruction des cinq dernières années. Avec les ventes qui démontrent peu de signes de vie, les nouvelles fondations devraient en moyenne être anémiques à 150 000 unités en 2009.»

Millan Mulraine, stratège chez TD Securities, laisse même entendre que la correction peut prévenir un scénario catastrophique. «C'est une indication claire que les constructeurs réduisent leur activité devant la demande décroissante, dit-il. Cela pourrait vouloir dire que l'accumulation de stocks invendus ne deviendra pas un boulet pour les prix des maisons, comme ça a été le cas aux États-Unis.»

En somme, quand on se compare on se console.

Plus de détails dans La Presse de mardi.