Des ventes de maisons en forte baisse. Des inscriptions qui continuent de monter. Les ingrédients sont réunis pour une diminution du prix des maisons au Québec.

Les données publiées hier par la Chambre immobilière du Grand Montréal tracent le portrait d'une industrie au ralenti depuis le début de l'année, tant dans le Grand Montréal que dans l'ensemble du Québec.

 

Avant même la publication de ces données, l'économiste en chef de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, Carlos Leitao, prévoyait une baisse du prix moyen des maisons de 5% en 2009. Maintenant? «Qui sait? demande-t-il. Ce sera certainement plus autour de 10% si on ne voit pas de rajustements.»

Par rajustements, il entend des acheteurs qui retrouvent leurs ardeurs ou des vendeurs qui calment la leur. Bref, il faudra qu'il n'y ait pas trop de pertes d'emplois... ou de divorces.

À la Société canadienne d'hypothèques et de logement, l'analyste principal Bertrand Recher mettra ses prévisions à jour ce matin en fonction des données d'hier. Mais déjà, il parle d'une «relative stabilité des prix avec tendance baissière» pour 2009. «On a eu un marché de vendeurs pendant plusieurs années, on se dirige vers un marché équilibré.»

Quels sont donc ces chiffres si peu encourageants pour les vendeurs? Parlons d'abord du Grand Montréal, qui inclut les deux rives, et comparons les deux premiers mois de l'année, ce qui enlève un peu de volatilité aux données.

À la fin février, le nombre d'inscriptions en vigueur était en hausse de 12%, à 27 449. Les ventes, elles, ont diminué de 33% depuis le début de 2009.

Les chiffres sont semblables dans l'ensemble du Québec: "12% pour les inscriptions, -27% pour les ventes.

Et qu'en est-il des prix? Comme dans bien d'autres domaines, ça dépend de la façon de les calculer. Dans le communiqué accompagnant les données, le chef de la direction de la Chambre immobilière, Michel Beauséjour, indique que «le point positif est que les prix sont toujours à la hausse comparativement à l'an dernier avec la copropriété qui mène le bal avec une augmentation de 6% de son prix médian».

C'est vrai. Sauf qu'il faut comprendre que l'organisme représentant les courtiers compare les prix par rapport à ceux d'il y a un an. Et que ces mêmes prix ont continué à augmenter pendant 2008. Bref, si on compare les prix actuels aux prix moyens de l'ensemble de 2008, certains ont déjà commencé à descendre.

Un économiste qui préfère ne pas être nommé a soumis le calcul suivant à La Presse Affaires: si on compare le prix des maisons unifamiliales et à étages vendues au Québec en janvier et février au prix de celles vendues dans l'ensemble de 2008, on obtient déjà des baisses respectives de 2% et 5%.

Des quartiers montréalais

Des quartiers et villes de la grande région montréalaise sont particulièrement affectés, d'après des données détaillées obtenues par La Presse Affaires et qui ont poussé la Chambre immobilière à devancer d'une journée la publication de ses résultats.

«À Saint-Lambert, c'est très lent en ce moment d'après tout ce que j'entends dire», explique l'agente Danielle Landry, de Remax du Cartier.

Les données lui donnent raison. Le nombre de ventes pour les deux premiers mois de l'année est passé de 57 à 29. Le prix moyen a aussi baissé, de 320 341$ à 312 093$. Et ce prix a été obtenu après un délai de vente de 110 jours en moyenne, contre 73 l'an dernier.

«Si tu vas dans le luxueux, c'est là qu'il va peut-être y avoir des baisses», explique encore Mme Landry, agente depuis 22 ans.

De son rayon d'affaires, dans le Plateau-Mont-Royal et les quartiers autour, les choses vont encore bien. «Les prix se maintiennent pas mal partout. Il y a moins d'acheteurs. Ceux qui sont là sont peut-être plus sérieux dans leur recherche.»

Ainsi, dans le Plateau, même si le nombre de transactions est passé de 168 à 149, le prix moyen a augmenté de 299 681$ à 326 214$.

Mouvement semblable dans Rosemont-La Petite-Patrie avec une importante baisse des ventes en janvier et février (de 179 à 129), mais un prix moyen en hausse, de 292 243$ à 312 130$.

Le fait que les acheteurs soient moins présents aura aussi un impact sur les mises en chantier. À la SCHL, on estime que leur nombre passera de 21 927 en 2008 à 18 900 cette année.