Photo André Pichette, La Presse

Nicolas Marcoux, PDG de PwC Canada

Nicolas Marcoux est devenu le 1er juillet dernier le premier francophone en 110 ans d’histoire à être nommé PDG de PwC Canada et le premier francophone à diriger, sur le marché canadien, l’un des quatre cabinets les plus importants du monde. C’est sur ce vent de nouveauté que Nicolas Marcoux a décidé de faire du changement le moteur du développement de PwC Canada.

VOUS AVEZ ÉTÉ NOMMÉ PDG DE PWC CANADA AU TERME D’UN PROCESSUS ÉLECTORAL AU COURS DUQUEL LES 400 ASSOCIÉS DU GROUPE ONT ÉTÉ APPELÉS À VOTER. À QUOI ATTRIBUEZ-VOUS VOTRE VICTOIRE, QUI REPRÉSENTE UNE GRANDE PREMIÈRE DANS L’HISTOIRE DE L’ENTREPRISE ?

On est le seul cabinet parmi le « big four » [Deloitte, PwC, EY et KPMG] où ce sont les associés qui votent pour la nomination du PDG. C’est une élection qui ressemble un peu à celle de Desjardins.

J’ai fait campagne sur le changement qui s’incarne par une plus grande inclusion et une plus grande diversité de genres, d’âges, de cultures, d’origines ethniques et même d’éducation. J’ai insisté aussi sur l’importance d’avoir une équipe de direction qui incarne ce changement et qui développe une vision positive, tant pour nos clients que pour les 7400 personnes de notre organisation au Canada.

ET COMMENT ENTENDEZ-VOUS TRADUIRE DANS LES FAITS CETTE URGENCE DE CHANGEMENT ?

J’ai agi rapidement en renouvelant notamment les 24 postes de leadership de l’organisation. Je ne voulais pas avoir 24 personnes en complet bleu qui pensent toutes la même chose. J’ai lancé un appel de candidatures et retenu les meilleures personnes dans un souci de diversité.

Notre équipe de direction compte aujourd’hui huit femmes. J’ai aussi réduit la moyenne d’âge des membres de l’équipe de leadership, qui varie entre 39 et 57 ans.

J’ai créé le poste de chef de l’innovation, un autre de chef de l’inclusion et de la diversité, et enfin un autre de chef de la culture et des valeurs.

On veut vraiment former des leaders au sein de l’organisation, et ce, dès leur sortie de l’université. C’est un objectif mondial de PwC qui est de former plus de leaders que ne le font McKinsey, GE et Goldman Sachs réunis.

Le but n’est pas de seulement former des leaders au sein de l’organisation, mais aussi de le faire chez nos clients en les accompagnant dans le développement de leurs talents.

COMMENT A ÉTÉ REÇUE VOTRE NOMINATION AU SEIN DE LA COMMUNAUTÉ DES AFFAIRES QUÉBÉCOISE ? EST-CE QU’ELLE A SUSCITÉ DES RÉACTIONS ?

J’ai vraiment été surpris de l’accueil qui a été fait. J’ai senti une grande fierté locale. C’est la première fois en 110 ans qu’un francophone accède à la présidence d’une entité du « big four ».

Tous nos grands clients québécois, la Banque Nationale, Desjardins, la Caisse, le Fonds de solidarité, CGI, m’ont félicité, j’ai vraiment reçu un écho incroyable de la communauté montréalaise. Même mes concurrents m’ont écrit pour souligner le fait qu’il s’agissait d’un moment historique.

COMBIEN DE FRANCOPHONES ÉTAIENT DANS LE COMITÉ DE LEADERSHIP DE PWC CANADA AU MOMENT DE VOTRE NOMINATION ?

J’étais le seul francophone sur les 24 membres de l’équipe de leadership. Je faisais aussi partie du comité exécutif restreint de six associés. Dans ma nouvelle équipe de leadership, on est maintenant trois francophones.

VOUS AVEZ FAIT CARRIÈRE ESSENTIELLEMENT À MONTRÉAL. COMMENT VOUS ÊTES-VOUS FAIT CONNAÎTRE DANS LE RESTE DU CANADA ?

J’ai débuté chez PwC Canada il y a 29 ans alors que j’étais stagiaire de l’Université de Sherbrooke. J’ai commencé par faire de la vérification, mais je me suis spécialisé dans le service-conseil en fusions et acquisitions.

Durant ma carrière, j’ai travaillé sur 175 transactions d’entreprises québécoises dans une quinzaine de pays. J’ai aussi été appelé à épauler nos activités en fusions et acquisitions à Toronto.

En 2014, on m’a demandé de redynamiser nos activités québécoises, qui affichaient depuis cinq ans une croissance annuelle moyenne de 0,7 %.

J’ai monté le taux de croissance annuel de nos activités québécoises à 7 %, puis à 11 % et 17 %, et je pense que nos associés canadiens ont vu que j’étais capable de générer de la croissance…

QUELS SONT LES SECTEURS D’ACTIVITÉ LES PLUS IMPORTANTS POUR PWC CANADA ? EST-CE QUE CE SONT LES ACTIVITÉS DE CONSEIL OU CELLES DE CERTIFICATION ?

La certification reste notre plus grand secteur d’activité, suivie par la fiscalité. Les services-conseils en transactions et en planification stratégique et technologique sont par contre le plus important vecteur de croissance.

Mon objectif est de poursuivre dans cette voie de développement, mais je veux aussi augmenter notre présence en cybersécurité. C’est un secteur tout à fait conforme à notre raison d’être. PwC est une marque reconnue et rassurante dans le monde entier.

C’est notre rôle d’offrir à nos clients les meilleures solutions en matière de cybersécurité. Ce n’est plus seulement une activité réservée aux banques, mais cela touche de plus en plus les entreprises du secteur des infrastructures. On est là pour les accompagner.

Le marché des PME est aussi un autre vecteur de croissance, peut-être le plus important. Les PME ont de plus en plus d’activités internationales, on peut les accompagner dans de multiples facettes de leur développement.

EN QUOI L’AVÈNEMENT DE LA QUATRIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE A-T-IL INFLUÉ SUR VOS ACTIVITÉS, ET SUR QUEL AXE PLACEZ-VOUS LES PRIORITÉS DE VOS INTERVENTIONS EN MATIÈRE DE NUMÉRISATION DE L’ÉCONOMIE ?

On est le groupe conseil le plus branché sur l’infonuagique dans le monde. Toutes nos interventions sont maintenant numériques, et c’est la force de faire partie d’un groupe mondial.

Parce que PwC investit 750 millions par année dans les technologies, cela nous permet au Canada d’avoir accès aux meilleures technologies mondiales.

C’est ce qu’on veut et c’est ce que nos grands clients veulent aussi, que ce soit la Caisse de dépôt, Desjardins ou la Banque Nationale, ils cherchent tous à avoir accès aux meilleures technologies.

Tous nos clients, de la PME à la multinationale, peuvent profiter de notre expertise internationale, tant technologique qu’organisationnelle. On a le même langage, les mêmes standards partout dans le monde, on partage un esprit très collaboratif.