Claude Gagnon ne s'en cache pas. À titre de successeur de Jacques Ménard comme nouveau président des opérations de BMO Groupe financier pour le Québec, il estime qu'il a « de grands souliers à chausser ». Mais peu importe la pointure, les 43 années d'expérience qu'il a acquises au sein de la Banque de Montréal lui permettent de faire ce pas en avant sans trop craindre de trébucher.

La Banque de Montréal a annoncé la semaine dernière que Jacques Ménard, qui dirigeait depuis 2001 les destinées de BMO Groupe financier au Québec, était nommé président émérite de l'institution et qu'il laissait ainsi son poste de président des opérations à Claude Gagnon, qui occupe depuis 2002 la fonction de directeur général de BMO pour le Québec.

« Je suis devenu l'adjoint de Jacques peu après son entrée en fonction en 2001 pour venir l'appuyer au chapitre des activités bancaires traditionnelles de la banque. Jacques était un banquier d'affaires et il avait besoin d'un spécialiste des opérations de détail. Je suis devenu son adjoint exécutif en janvier 2002 », rappelle Claude Gagnon.

Le nouveau président de BMO Groupe financier pour le Québec est bien conscient de la forte implication de Jacques Ménard dans une multitude de dossiers touchant l'activité tant économique que sociale, rôle qu'il continuera d'ailleurs à assumer à titre de président émérite.

« Jacques Ménard m'a appris combien il est important de redonner à la collectivité. Il y a l'économie financière, mais l'économie sociale est tout aussi importante », souligne Claude Gagnon.

UNE CARRIÈRE AU SEIN DE LA BANQUE

Claude Gagnon s'est joint à la Banque de Montréal en 1975 alors qu'il était étudiant en gestion à l'UQAM, dans le cadre d'un programme de formation de dirigeants de succursale.

« J'ai postulé pour ce programme durant une grève des étudiants de l'UQAM. Rapidement, on m'a envoyé faire mes classes à Rivière-du-Loup. Puis on m'a ramené à la succursale des Galeries d'Anjou, puis ç'a été Sherbrooke, avant que je ne revienne à la plus grosse succursale du groupe qui était à la Plaza Alexis Nihon », relate Claude Gagon.

En 1981, il est nommé au service des ressources humaines où il est chargé du recrutement pour le secteur commercial avant d'être nommé responsable des relations industrielles lorsque des employés du centre opérationnel de Sherbrooke décident de faire une demande d'accréditation syndicale.

« Je me suis occupé de ressources humaines jusqu'en 1995 lorsque, à la suite de changements organisationnels, on m'a demandé de devenir vice-président des opérations pour la Rive-Sud de Montréal. »

« En 2001, avec la nomination de Jacques, la Banque a décidé d'unifier ses différentes lignes d'affaires et c'est là que je suis devenu directeur des opérations au bureau du président. »

Même s'il s'est joint à la Banque de Montréal en raison d'une grève des étudiants de l'UQAM, le gestionnaire a terminé ses études en gestion tout en poursuivant sa carrière de banquier et il a même décroché un MBA de l'établissement public québécois.

Selon lui, son cheminement des 43 dernières années lui a permis de bien comprendre tous les rouages du métier de banquier et de saisir surtout l'importance d'être toujours à l'écoute des clients et d'être en mesure de les accompagner dans toutes les étapes de leur parcours financier.

L'industrie des services financiers est en mutation et les nouvelles technologies prennent toujours plus de place. Mais il faut être d'abord en mesure de bien comprendre les besoins des clients, qu'il s'agisse de particuliers ou d'entreprises.

LA PLACE DU QUÉBEC

« On a 1 million de clients au Québec. On est la troisième institution financière en importance. Pour bien concurrencer le Mouvement Desjardins et la Banque Nationale, BMO Groupe financier dispose d'une plus grande liberté d'action que les autres banques canadiennes. C'est pour ça qu'on a une présidence régionale depuis 2001 », souligne Claude Gagnon.

Le président de BMO Groupe financier pour le Québec ne peut pas prédire quel sera l'environnement bancaire dans 20 ans, mais il constate que l'informatisation des transactions ne peut aller qu'en augmentant.

« On estime que 40 % de nos clients réalisent toutes leurs transactions via internet. C'est un mouvement irréversible. On constate parallèlement que l'achalandage dans nos 140 succursales québécoises diminue chaque mois.

« Ça ne veut pas dire la fin prochaine des succursales, mais il va certainement y avoir des relocalisations, des changements de structures dans certaines succursales. Mais on va toujours conserver un lien de proximité avec notre clientèle. »

M. Gagnon rappelle que la Banque de Montréal investit massivement dans les nouvelles technologies, soit 2 milliards par année, de façon à bien intégrer les innovations qui peuvent améliorer la qualité des services à la clientèle.

Au Québec, le groupe BMO reste un partenaire de longue date qui accompagne les entreprises de toutes tailles, avec des engagements financiers de 20 milliards auprès de 40 000 entreprises québécoises.

« On a la chance d'avoir un réseau et 15 000 employés aux États-Unis, ce qui facilite les transactions de nos entreprises qui veulent y prendre de l'expansion. Notre plateforme américaine permet aux entreprises une plus grande fluidité dans leurs transactions et à un coût moindre », insiste Claude Gagnon.

Ce dernier souligne que BMO Groupe financier a été le partenaire financier du groupe TC pour réaliser il y a deux semaines l'acquisition de Coveris Americas au coût de 1,3 milliard US.