C'est grâce à la neige artificielle qui a été produite et qui s'est accumulée jusqu'au mois de février que la saison de ski se poursuit jusqu'à dimanche prochain à la station Ski Bromont. Et c'est aussi l'enneigement artificiel qui reste, selon Charles Désourdy, PDG de la station quatre saisons, la meilleure arme pour lutter contre les changements climatiques.

Malgré un hiver chaotique, caractérisé par des températures glaciales durant la période des Fêtes et des redoux intempestifs avant la période de la relâche scolaire qui ont freiné les ardeurs de nombreux skieurs, la saison de ski qui s'achève aura permis d'attirer quelque 600 000 skieurs à la station Ski Bromont.

Depuis une vingtaine d'années, l'économie blanche québécoise est affectée par les aléas de la météorologie et les changements climatiques, mais plutôt que de se laisser décourager par les éléments qu'il ne peut contrôler, Charles Désourdy a décidé de considérer ces obstacles comme une opportunité.

« La période des Fêtes est, et de loin, la plus payante pour les centres de ski. Avant, on enregistrait de 500 à 600 heures de température favorable à la fabrication de neige artificielle avant Noël.

« Aujourd'hui, on doit composer avec moins de 400 heures d'enneigement avant Noël, on va donc investir pour doubler nos capacités de fabrication de neige artificielle avant la période des Fêtes. Idéalement, on souhaite fabriquer 80 % de notre neige avant Noël », explique celui qui est à la tête de Ski Bromont depuis 1998.

C'est toutefois grâce à ses activités de ski de soirée que Ski Bromont réussit à dégager des bénéfices, alors que le domaine compte pas moins de 99 pistes éclairées.

« C'est la seule opération qui est profitable. On fait un peu de profits avec le parc aquatique l'été, mais c'est l'opération de ski de soirée qui nous permet de rentabiliser notre saison de ski », observe Charles Désourdy.

Ski Bromont entend investir entre 25 et 50 millions dans ses infrastructures au cours des prochaines années pour améliorer ses conditions d'opérations, assurer un meilleur achalandage et bonifier les capacités d'hébergement sur place.

Dès que la saison sera terminée, les travaux de remplacement de la chaise principale débuteront, alors qu'on va installer une nouvelle remontée mécanique débrayable à six places.

La station va aussi hausser de façon importante ses capacités d'enneigement sur les 142 pistes de son domaine skiable pour produire massivement de la neige en début de saison.

UNE PREMIÈRE SUBVENTION

Pour la première fois en 22 ans, Ski Bromont aura droit à une aide gouvernementale de 1,5 million, accordée par le ministère du Tourisme pour réaliser notamment son investissement dans la nouvelle remontée mécanique.

« Le ministère du Tourisme a enfin décidé de considérer les stations de ski comme un actif touristique. C'est pourtant évident que la montagne à Bromont est un moteur du développement économique et touristique.

« On est une destination quatre saisons qui a généré beaucoup de création de richesse au cours des 20 dernières années. On emploie 120 personnes sur une base permanente et plus de 1100 sur une base occasionnelle », plaide l'entrepreneur.

Outre le ski qui se déploie sur 4 sommets, 7 versants et 142 pistes, Ski Bromont a généré une activité immobilière importante, alors que le domaine compte aujourd'hui quelque 800 unités d'habitation avec un accès direct aux pistes de ski.

« On a développé nous-mêmes une partie de ces nouvelles unités et on a vendu des terrains à des développeurs. C'est grâce à cette activité immobilière qu'on a pu réinvestir 60 millions dans la montagne depuis 2002. » - Charles Désourdy

Le PDG souligne que lorsqu'il a pris en main les destinées de la montagne en 1998, l'assiette fiscale résidentielle totalisait 300 millions pour la municipalité de Bromont.

Cette même assiette fiscale résidentielle est estimée aujourd'hui à 1,7 milliard, ce qui permet à la municipalité de Bromont d'enregistrer depuis sept ans des surplus budgétaires annuels de 2 à 3 millions.

LA FIN D'UN LONG LITIGE

La veille de notre rencontre, la semaine dernière, Charles Désourdy venait de recevoir un chèque de 6,7 millions pour le rachat d'une partie du domaine de Ski Bromont, sur lequel il voulait construire 27 unités d'habitation de luxe, qui deviendra plutôt le parc des Sommets, un site naturel protégé.

Ski Bromont avait obtenu toutes les autorisations réglementaires nécessaires pour la mise en place de ce projet de développement durable qui prévoyait la cession de 75 % de l'espace prévu en parc, mais un mouvement d'opposition dirigé par ses deux frères aînés a contrecarré ses plans.

« Ç'a été un litige pénible. Il n'a jamais été question que l'on développe le sommet, mais, au final, je suis content que le tout soit réglé. On a obtenu la valeur actualisée nette qu'on aurait obtenue.

« C'est le gouvernement du Québec, la municipalité de Bromont et l'organisme Conservation de la nature Canada qui ont réalisé le rachat du domaine. Tout le monde va pouvoir en profiter, je suis content de tourner la page », se réjouit l'entrepreneur.

C'est à la suite d'un long travail de médiation que cet accord a été rendu possible et cette entrée de fonds permettra à Ski Bromont de réaliser un premier dépôt en vue de l'acquisition et de l'installation de la nouvelle remontée mécanique qui sera opérationnelle pour le début de la prochaine saison de ski.