« Le marché de la mobilité est présentement en ébullition en Amérique du Nord. Il y a pour 20 milliards de projets qui vont être attribués d'ici les cinq prochaines années et on est très bien positionnés pour décrocher notre bonne part de ces contrats », anticipe Benoit Brossoit, qui est depuis deux ans le président de Bombardier Transport pour les Amériques.

« Le marché de la mobilité est présentement en ébullition en Amérique du Nord. Il y a pour 20 milliards de projets qui vont être attribués d'ici les cinq prochaines années et on est très bien positionnés pour décrocher notre bonne part de ces contrats », anticipe Benoit Brossoit, qui est depuis deux ans le président de Bombardier Transport pour les Amériques.

Benoit Brossoit ne veut et ne peut pas commenter la décision de la Caisse de dépôt d'avoir préféré Alstom, le concurrent de toujours de Bombardier Transport, pour réaliser le projet du REM, le processus d'appel d'offres stipulant que les parties impliquées ne devaient pas commenter la décision du maître d'oeuvre du projet.

« C'est évidemment une grande déception de ne pas avoir été retenus, mais on poursuit la transformation qu'on a entreprise depuis mon arrivée il y a deux ans, c'est-à-dire de nous positionner comme fournisseur de solutions de mobilité sur la durée de vie utile de ces grands projets d'infrastructures », précise le président.

Bombardier Transport ne se limite pas à développer des solutions de transport sur rails, trains, métros, tramways, mais assure également tous les services de signalisation de ces projets ainsi que la maintenance des équipements sur une période de 30 et même 40 années.

FAIRE LE PONT À LA POCATIÈRE

Avec un brin de cynisme, Benoit Brossoit constate toutefois que le vieil adage « Nul n'est prophète dans son pays » s'applique on ne peut mieux aux opérations de Bombardier Transport au Québec et au Canada.

« Le meilleur vendeur d'Alstom, c'est Emmanuel Macron, et le meilleur vendeur de Siemens, c'est Angela Merkel. Nous, notre meilleur vendeur, c'est Gina Tromblay, qui dirige les ventes de tous nos écosystèmes à notre nouveau bureau de New York », souligne-t-il pour expliquer l'anonymat dans lequel Bombardier Transport évolue en Amérique du Nord.

Cela dit, Benoit Brossoit souhaite évidemment que l'usine de La Pocatière, où les 600 travailleurs doivent achever d'ici la fin de 2018 le contrat de livraison des nouveaux wagons Azur pour le métro de Montréal, profite d'un contrat de fabrication qui lui permettrait de faire le pont avant l'obtention d'une autre commande plus structurante.

« L'usine de La Pocatière dispose d'une expertise extraordinaire. Elle est à l'origine du développement de Bombardier Transport puisque c'est elle qui a décroché le premier contrat de Bombardier pour le métro de New York. On peut y fabriquer n'importe quoi, des rames de métro, des tramways... » - Benoit Brossoit

« Le devancement de la prochaine commande de trains Azur pour le métro de Montréal pourrait être une option. On étudie toutes les alternatives possibles », évoque Benoit Brossoit.

Est-ce qu'Alstom pourrait s'associer avec Bombardier pour réaliser une partie du contrat du REM, comme Bombardier a été forcée de s'associer à Alstom pour réaliser le contrat de renouvellement du métro de Montréal ?

Le président de Bombardier Transport Amériques ne veut pas s'étendre sur cette hypothèse, en rappelant la clause de confidentialité qui entoure l'attribution du contrat du REM, mais il rappelle que l'entreprise étudie toutes les options.

LES NUAGES SONT DERRIÈRE

Mis à part l'avenir immédiat de l'usine de La Pocatière qui reste à préciser, Bombardier Transport a réussi à passer à travers les sombres nuages qui ont entaché ses activités au cours des dernières années, dont son long contentieux avec Metrolinx, la société de transport responsable des liens ferroviaires entre la ville de Toronto et ses banlieues immédiates.

« Entre 2016 et 2017, on a doublé la production de tramways. Au début du contrat, on était en retard dans la livraison, mais on aura tout livré à temps », souligne Benoit Brossoit.

L'arrivée d'un nouveau PDG à la tête de Metrolinx, qui a une longue expérience du transport en commun, a fait une différence importante, constate Benoit Brossoit.

En janvier dernier, alors que l'Ontario enregistrait des températures de - 30 et - 40 degrés Celsius, le nouveau PDG l'a d'ailleurs contacté pour lui dire combien ses nouveaux tramways répondaient admirablement bien aux conditions extrêmes dans lesquelles ils devaient évoluer.

Bombardier Transport compte plus de 4200 employés au Canada, dont plus de 900 à son siège social et centre d'ingénierie pour les Amériques de Saint-Bruno et plus de 600 à l'usine de La Pocatière.

Le groupe Transport a deux usines aux États-Unis, à Pittsburgh et Plattsburgh, qui emploient 2600 personnes, et trois usines au Mexique avec 1600 employés. Bombardier Transport a également une unité au Brésil avec 500 employés.

« Mais le modèle que l'on veut reproduire est le Go Transit que l'on gère pour la Commission des transports de Toronto et Metrolinx. On assure la fabrication et la maintenance des trains à étage, des tramways et des rames de métro et c'est un service d'une fiabilité exceptionnelle. On a plus de 1000 personnes qui travaillent pour Go Transit », énonce fièrement Benoit Brossoit.

Oui, il trouve déplorable que Bombardier Transport n'ait pas été retenue pour le REM. Oui, il trouve gênant que l'AMT ait préféré une entreprise chinoise pour le contrat de fabrication de 24 wagons de train, mais le président de Bombardier Transport reste convaincu qu'un jour, l'entreprise sera reconnue chez elle comme elle l'est ailleurs dans le monde.

LE PARCOURS DE BENOIT BROSSOIT

INGÉNIEUR DE L'ÉCOLE DE L'AUTOMOBILE

Benoit Brossoit a un diplôme en ingénierie industrielle obtenu du GMI Engineering & Management Institute (Kettering University) du Michigan. Il a obtenu ce diplôme tout en travaillant à l'usine GM de Boisbriand où il a participé à la conception et au lancement du dernier modèle qui y a été fabriqué, en 1993, la Camaro Firebird.

LA FILIÈRE PRATT & WHITNEY

Après avoir fait sa marque dans le secteur automobile, Benoit Brossoit a poursuivi sa carrière chez Pratt & Whitney Canada dans le sillage de la nomination de Louis Chênevert, un ancien de GM à Boisbriand, comme PDG de PWC. Il sera responsable des approvisionnements avant de prendre en charge les opérations manufacturières et le Centre de services.

LA POURSUITE CHEZ UTC

Lorsque Alain Bellemare devient PDG de la division Aerospace Systems de la multinationale UTC (maison mère de PWC), Benoit Brossoit le rejoint à Hartford, au Connecticut, comme responsable de toutes les opérations manufacturières du groupe qui réalise des revenus de 30 milliards US.

L'ARRIVÉE CHEZ BOMBARDIER TRANSPORT

Benoit Brossoit s'est joint à Bombardier Transport à titre de président de la division des Amériques en avril 2016, dans la foulée de la nomination d'Alain Bellemare comme PDG de Bombardier inc., un an plus tôt, pour participer au projet de transformation du groupe.