Il y a dix ans, Ronald Brisebois acceptait, bien malgré lui, de céder Cognicase, l'entreprise qu'il avait fondée en 1992, au groupe CGI dans le cadre d'une offre publique d'achat. L'entrepreneur, qui était reconnu pour sa fougue à l'époque, s'est passablement assagi depuis.

Ronald Brisebois a lancé Cognicase il y a une vingtaine d'années. La firme, qui développait des logiciels, s'est rapidement démarquée en mettant au point une solution qui allait permettre aux systèmes informatiques de survivre au tant redouté bogue de l'an 2000.

«J'ai parti Cognicase de zéro puis quand on a vendu, en 2003, l'entreprise comptait 4800 employés. Je n'étais pas chaud à l'idée de vendre, mais avec le recul, je reconnais que ç'a été une bonne chose pour nos actionnaires», constate aujourd'hui le PDG.

Peu après la vente de Cognicase, Ronald Brisebois a fondé la firme Isacsoft, un développeur de logiciels de gestion pour les bibliothèques qui a été renommé Mondo-In à la suite d'une transaction.

Mondo-In est aujourd'hui le leader des logiciels de gestion pour bibliothèques dans toute la francophonie. L'entreprise a 1500 clients dans 11 pays. Les 78 bibliothèques de Paris utilisent sa technologie de gestion de livres et de publications numériques. Mondo-In (le In pour innovation) compte 150 employés, dont une équipe de concepteurs et de développeurs de logiciels dans ses bureaux de Montréal.

«On a élargi les activités de Mondo-In dans le développement de logiciels libres. On a fait l'acquisition cette année de la société Révolution Linux, de Sherbrooke, qui compte 25 spécialistes techniques du logiciel libre.

«On a aussi développé une nouvelle division Coach-In qui se spécialise dans le secteur de la santé, du mieux-être et de la motivation», explique Ronald Brisebois.

Lors de notre rencontre, l'entrepreneur arrivait tout juste du Vietnam et il se préparait à y retourner dans les prochains jours.

«Je suis allé rencontrer des clients de Mondo-In, mais j'ai aussi fait un saut en Chine où j'ai prononcé une conférence sur la santé mobile. C'est le sujet de ma thèse de doctorat en informatique que je dois défendre en mars prochain», raconte Ronald Brisebois.

Un virage santé

S'il est assez rare qu'un quinquagénaire décide de s'inscrire à des études de doctorat, Ronald Brisebois explique que, dans son cas, cet intérêt est venu naturellement.

«Il y a trois ans, mon médecin a vu chez moi un début de cholestérol et il voulait me prescrire du Lipitor. Il n'était pas question que je prenne des médicaments. Je n'aime pas ça.

«Mon médecin m'a donc suggéré de me prendre un entraîneur personnel, un kinésiologue et un diététiste pour corriger mon problème. Ce que j'ai fait», explique-t-il.

Après 4 mois de régime extrême, il a revu son médecin qui a confirmé qu'il affichait la meilleure forme en 17 ans de consultation. Il était devenu le plus en santé de tous les patients de son cabinet...

«Dans la vie, ça prend des coachs. Et c'est pourquoi j'ai décidé de m'inscrire au doctorat en santé mobile pour développer un concept qui relève de la «persuasive technology».

«Je mets au point un coach virtuel, un automate capable de contextualiser la vie de celui qu'il accompagne. Un coach pour mieux manger, mieux s'entraîner, mieux gérer son stress et ses émotions», résume Ronald Brisebois.

Il a aussi embauché son entraîneur personnel et sa diététicienne qui travaillent maintenant dans la division Coach-In qui publie notamment un magazine mensuel et une version numérique de conseils pour être mieux dans sa peau.

«Je suis en santé et je me rends compte que, pour être en santé, il faut être heureux. Et la recherche du bonheur, c'est un travail quotidien. Le système immunitaire, c'est d'y croire», avance-t-il.

Son rythme de vie n'est d'ailleurs plus le même qu'à l'époque où il était en perpétuelle course à la croissance.

«Je me suis policé. À l'époque, j'étais souvent impatient, brusque, mais l'intelligence, ce n'est pas de la brusquerie. Je travaille autant qu'avant, mais je fais des projets qui me tiennent à coeur. Tu ne peux pas arrêter de travailler. Il faut se rendre utile», affirme l'entrepreneur en quête de sagesse.

Durant sa carrière, Ronald Brisebois a réalisé 108 acquisitions, dont trois au cours de la dernière année. Il y a eu Révolution Linux à Sherbrooke, mais aussi une boutique de produits naturels à Québec et un producteur de médicaments naturels, les produits Champs de vie, en Beauce.

«L'effet placebo compte pour 30% du succès d'un médicament pharmaceutique alors qu'il est de 70% pour un produit naturel qui lui, de surcroît, n'entraîne aucun effet secondaire. Voilà pourquoi je me suis intéressé aux produits naturels.

«Le marketing est un élément important de la prévention, alors aussi bien vendre des produits qui n'auront pas d'effets nocifs», observe-t-il.